Malgré un accord historique sur le climat en décembre 2015, diminuer le rôle du charbon dans le mix énergétique, et particulièrement dans la production d’électricité, reste très difficile. Cette note revient sur les choix de grands pays consommateurs en matière de charbon et de technologies propres.
Le 12 décembre 2015, les dirigeants du monde entier ont approuvé un accord historique pour limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels et se sont fixé un objectif de 1,5 °C pour le long terme. Les jours du charbon, l’énergie fossile la plus émettrice de CO2, pourraient donc être comptés. Si l’accord de Paris ne condamne pas spécifiquement son utilisation, la pression à l’encontre du charbon se renforce. Mais remplacer le charbon par des énergies non ou moins carbonées n’est pas si évident. La consommation mondiale de charbon, qui a augmenté de plus de 70 % depuis 2000, assure aujourd’hui 41 % de la production d’électricité mondiale. Même si l’enjeu climatique est urgent, on ne peut pas remplacer du jour au lendemain cette consommation.
Cinq grands consommateurs de charbon (Chine, États-Unis, Inde, Union européenne, et Japon) représentent 82 % de la consommation mondiale. La possibilité de substituer le charbon par d’autres sources d’énergie (gaz naturel, nucléaire, renouvelables) et de préférence nationales, afin de sécuriser l’approvisionnement électrique, diffère d’un pays à un autre. La Chine, qui représente la moitié de la demande mondiale de charbon, a annoncé une réduction de la dépendance de son économie vis-à-vis de cette énergie afin de réduire les émissions de polluants locaux qui empoisonnent les grandes villes chinoises. Si cette réduction marque un changement fondamental, il convient toutefois de noter que la demande chinoise de charbon devrait atteindre un plateau et non décliner rapidement. Aux États-Unis, la révolution des gaz de schiste facilite la substitution du charbon par le gaz naturel. La mise en œuvre du Clean Power Plan est toutefois indispensable pour obtenir les réductions d’émissions de CO2 annoncées par le gouvernement. En Inde, malgré le développement massif des énergies renouvelables, la demande de charbon devrait connaître une forte croissance avec le développement économique et social du pays, où encore un quart de la population n’a pas accès à l’électricité. En Europe, où la consommation de charbon est en baisse depuis deux ans après une courte « renaissance », les politiques diffèrent d’un pays à un autre : alors que la Grande-Bretagne vient d’annoncer l’arrêt des centrales au charbon d’ici 2025, la Pologne table sur cette énergie pour assurer son développement économique et son indépendance énergétique, et l’Allemagne ne prévoit qu’un déclin graduel de son parc électrique au charbon, qui assure encore près de la moitié de la production d’électricité du pays. Au Japon, le charbon est considéré comme une énergie de diversification, indispensable à la sécurité de l’approvisionnement du pays. Le Japon soutient également l’exportation de centrales au charbon à haut rendement. Ses projets de financement de nouvelles centrales s’étendent à pratiquement tous les pays de l’ASEAN. Le Japon défend sa politique en indiquant que l’utilisation des technologies développées dans le pays permettrait une réduction importante des émissions mondiales de CO2. Une position qui a abouti à assouplir l’accord de novembre 2015 entre les pays de l’OCDE, prévoyant un arrêt des financements aux centrales au charbon, sauf pour les technologies les plus avancées (centrales ultra-supercritiques).
Ainsi, il est illusoire de penser que le charbon va disparaître rapidement du mix électrique mondial. Même dans le Scénario 450 de l’AIE, en 2040, le charbon assure 30 % du bilan énergétique des pays de l’Asie hors pays OCDE. L’amélioration du rendement des centrales et le déploiement à large échelle des technologies de captage et stockage du CO2 (CCS) constituent les seules voies technologiques susceptibles de concilier la poursuite de l’utilisation du charbon et l’atteinte des objectifs de réduction des émissions requis par l’accord de Paris. Cette conclusion est similaire à celle du GIEC, qui indique que le CCS est indispensable pour parvenir à contenir le réchauffement climatique en dessous des 2 °C, à côté d’un déploiement massif des autres solutions pour décarboner le système électrique.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
COP21 : Haro sur le charbon
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesNouvelles géopolitiques de l'énergie
Après le drame de Valence et alors que s’ouvre la COP29, le dérèglement climatique oblige à examiner de très près le rythme et les impasses de la transition énergétique.
Les marchés du carbone peuvent-ils faire une percée à la COP29 ?
Les marchés volontaires du carbone (MVC) ont un potentiel élevé, notamment pour réduire le déficit de financement de la lutte contre le changement climatique, en particulier en Afrique.
Le secteur électrique indien à la croisée des chemins : relever les défis des distributeurs d'électricité
Le secteur électrique indien a besoin d’une réforme urgente.
L’approvisionnement énergétique de Taïwan : talon d’Achille de la sécurité nationale
Faire de Taïwan une « île morte » à travers « un blocus » et une « rupture de l’approvisionnement énergétique » qui mènerait à un « effondrement économique ». C’est ainsi que le colonel de l’Armée populaire de libération et professeur à l’université de défense nationale de Pékin, Zhang Chi, décrivait en mai 2024 l’objectif des exercices militaires chinois organisés au lendemain de l’investiture du nouveau président taïwanais Lai Ching-te. Comme lors des exercices ayant suivi la visite de Nancy Pelosi à Taipei en août 2022, la Chine avait défini des zones d’exercice faisant face aux principaux ports taïwanais, simulant de fait un embargo militaire de Taïwan. Ces manœuvres illustrent la pression grandissante de Pékin envers l’archipel qu’elle entend conquérir et poussent Taïwan à interroger sa capacité de résilience.