DOSSIER RAMSES 2023 : L'Europe au défi
L'Europe plonge dans la guerre : redevient-elle un enjeu géopolitique majeur ? Comment penser l'avenir d'une Union européenne (UE) confrontée à un changement de monde ? Et quelle architecture de sécurité pourra s'imposer contre le fracas des bombes ?
Ukraine : les échelles d'une guerre de libération nationale, par Michel FOUCHER
Pour comprendre ce qui se joue en Ukraine, il faut recourir à plusieurs échelles d’analyse. Le conflit est de libération nationale ; il touche à la définition même de l’Europe ; il interroge les rapports de l’Occident avec l’ancien monde colonisé ; il affecte les grands rapports de puissance, en particulier avec Pékin. C’est à l’aune de l’ensemble de ces échelles que doivent être imaginées les éventuelles sorties du conflit et ses multiples conséquences.
L'Europe face à la guerre d'Ukraine, par Nicole GNESOTTO
La guerre d’Ukraine questionne la base idéologique de la construction européenne : la certitude de vivre dans un monde post-stratégique, post-conflictuel. La solidarité avec Kiev et l’aide qui lui est fournie, les moyens de réarmement, les sanctions contre Moscou créent une nouvelle donne. Celle-ci renforce d’abord le monde atlantique. Elle ne bénéficiera à l’UE que si celle-ci prend la mesure des changements politiques et institutionnels qui s’imposent.
Réinventer la coopération de défense européenne, par Claude-France ARNOULD (voir la vidéo)
À la guerre d’Ukraine les membres de l’UE ont répondu rapidement. Mais ils ont à cette occasion pris conscience de l’insuffisance de leurs moyens militaires. Le réinvestissement allemand dans la défense symbolise une prise de conscience plus large. Mais les nouveaux efforts des États membres doivent s’inscrire dans l’UE : elle dispose des structures et des moyens nécessaires et peut, seule, donner toute leur efficacité, économique, politique et stratégique à ces efforts.
Russie et Europe : devant l'Ukraine, par Isabelle FACON
La Russie n’a jamais accepté l’ordre de sécurité né de l’après-guerre froide. Elle a, un temps, tenté de valoriser ses relations avec l’UE, mais a vite dénoncé ce qu’elle voit comme une inféodation aux intérêts stratégiques américains. Moscou pense toujours l’Occident comme divisé et en déclin. La guerre d’Ukraine est pourtant en passe de dessiner une Europe de la défiance, durablement organisée autour des rapports de force, et bien éloignée des désirs de dominance russes.
Le Vieux Continent dans la stratégie américaine, par Laurence NARDON
Focalisés sur le rival chinois, les États-Unis ont amorcé un « pivot » stratégique vers l’Indo-Pacifique. La guerre d’Ukraine les contraint au réengagement en Europe : renforcement des déploiements américains, réinvestissement général dans l’Alliance, approfondissement des relations avec l’UE. La priorité chinoise n’est pas oubliée, mais intégrée à un discours général de défense des démocraties contre les dictatures, avec Washington pour leader.
Repenser une architecture de sécurité pour l'Europe, par Maxime LEFEBVRE
La Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, compromis de la guerre froide, s’est muée, après elle, en pilier de l’architecture de sécurité européenne. Les frontières étant remises en question, l’escalade des armements ayant repris, les sanctions anéantissant la coopération économique, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) peut garder une utilité, mais un nouveau compromis d’ensemble paraît hypothétique et ne pourra sans doute être mis en chantier qu’avec un changement de pouvoir à Moscou.
Le Global Britain à l'épreuve de l'Ukraine, par Edward ARNOLD
La guerre d’Ukraine est l’occasion pour le Royaume-Uni de redéfinir la diplomatie et les conceptions de défense du Global Britain. Affirmation d’une dimension militaire renforcée, choix de partenariats souples en Europe et présence renforcée au nord et à l’est du Vieux Continent poussent Londres à revendiquer un leadership neuf.
Balkans : l'enjeu stratégique, par Florent MARCIACQ
La guerre d’Ukraine remet en lumière le face-à-face entre Européens de l’Ouest et Russes dans les Balkans. Les hésitations de Bruxelles et les complexités du processus d’élargissement éloignent les opinions publiques de l’Union, opinions travaillées en profondeur par la Russie, au premier chef en Serbie et en Bosnie-Herzégovine. L’enjeu stratégique est d’importance pour l’Union européenne : c’est son rapport avec ses environnements qu’il lui faut repenser dans un nouveau contexte stratégique.
Y a-t-il une crise des démocraties européennes ?, par Philippe MOREAU DEFARGES
Les dynamiques populistes, abstentionnistes et souverainistes semblent se combiner pour traduire un ébranlement de plusieurs démocraties européennes. La construction européenne elle-même n’a jamais vraiment tranché entre la tentation unitaire et le retrait des États sur la défense de leur souveraineté. La guerre d’Ukraine pourrait-elle aider à l’émergence d’un patriotisme européen ancré non sur un nationalisme mais sur une défense des principes démocratiques ?
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Découvrir toutes nos analysesLes commandants russes de la guerre en Ukraine : purges, remaniements et mécontentements
Les remaniements du haut commandement militaire russe au cours de la guerre en Ukraine ont eu lieu de manière inégale, aussi bien dans le temps que dans les structures des forces armées. Les motifs et le calendrier des décisions prises par Vladimir Poutine concernant les cadres de l’armée défient souvent toute logique.
Les effectifs de l'armée russe après deux ans et demi de guerre en Ukraine
En plus d’une victoire militaire en Ukraine, les dirigeants russes souhaitent constituer d’importants effectifs militaires en vue d’un éventuel conflit avec l’OTAN dans l’espace Baltique et la péninsule de Kola. Les prévisions actuelles comptent sur une augmentation des effectifs militaires russes d’environ 350 000 hommes, pour atteindre un total de 1,5 million de soldats et d’officiers. Dans le contexte du conflit qui se déroule actuellement en Ukraine, cet objectif ne peut être atteint sans une nouvelle vague de mobilisation massive.
La relation russo-iranienne à l'épreuve de l'escalade militaire au Moyen-Orient
Les relations entre Téhéran et Moscou ont connu un nouvel élan depuis le début de la guerre en Ukraine, passant d'une relation transactionnelle et asymétrique depuis 1991 à la construction d'un véritable partenariat stratégique. Néanmoins, malgré l’approfondissement des coopérations militaire, spatiale, cyber, policière et nucléaire civile, Moscou se montre réticent à s’engager directement aux côtés de Téhéran contre les États-Unis et leurs alliés au Moyen-Orient. Des différences de statut et d’approches freinent ainsi toujours la construction d’une alliance anti-occidentale entre la Russie et l’Iran.
La Russie a-t-elle des alliés ? Chine, Iran, Corée du Nord
Depuis son agression en Ukraine, la Russie développe ses liens avec trois États qui l’accompagnent dans sa contestation de l’ordre occidental. Le partenariat avec la Chine, inégal, est cependant destiné à durer. Avec l’Iran fonctionne une solidarité de sanctionnés. Et la relation avec Pyongyang est essentiellement opportuniste.