Le Green Deal européen trois ans après : accélération, érosion, fragmentation
La crédibilité de l'EGD est garantie par la loi européenne sur le climat qui scelle les objectifs de neutralité climatique d'ici 2050 et une réduction d'au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau de l'UE d'ici 2030 . C'est donc un mandat fort qui a été donné à la Commission européenne (CE) pour organiser et mener une refonte des politiques énergétiques et climatiques européennes. La CE s'est montrée à la hauteur de la tâche, en se tenant résolument à l'agenda politique et législatif, soit une trentaine de stratégies et plans d'action, en plus de paquets législatifs emblématiques et cohérents comme le Fit for 55. Le Parlement européen s'est également positionné comme une partie prenante déterminante, en dégageant un consensus sur les cibles et les objectifs généraux. Si tous les États membres (EM) ont finalement adhéré à l'ambition et au calendrier de l’EGD, ils restent tiraillés entre un discours largement favorable à la transition énergétique, mais qui souffre en réalité d'efforts de mise en œuvre suffisants conjugués à des difficultés croissantes.
Trois ans après que l'EGD ait fixé l'orientation de l'UE pour les 30 prochaines années, l'UE se retrouve au milieu d'une tempête sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, juste après avoir surmonté avec succès la pandémie. La guerre en Ukraine est un bouleversement tectonique dont les implications profondes n'ont pas encore été pleinement appréhendées. Pour les politiques énergétiques et climatiques, ces nouvelles réalités nécessitent de revoir de nombreuses hypothèses sur la transition énergétique, la sécurité énergétique, l'acceptation sociale, la compétitivité économique et, par conséquent, les stratégies et politiques de décarbonation à venir.
Les messages principaux :
• L'Europe doit combler les lacunes du passé et faire face aux multiples crises en cours : cela nécessite "une mobilisation de guerre" pour mettre en œuvre le Green Deal, le plan RePowerEU ainsi que des économies d'énergie.
• Malgré la rupture brutale des livraisons d'hydrocarbures russes, la dépendance de l'Europe aux combustibles fossiles ne disparaîtra pas de sitôt. Sécuriser les approvisionnements compétitifs en gaz et en gaz naturel liquéfié (GNL), résoudre la crise des prix de l'électricité et maximiser les économies d'énergie sont désormais une priorité.
• Les actions "sans regret" comprennent un plan Schuman pour sauver et décarboner les industries et favoriser toutes les chaînes de valeur à faibles émissions. La dimension extérieure a besoin d'être consolidée et doit refléter des priorités claires et adaptées.
• Avec des Etats rivaux et opportunistes qui se préparent déjà à ramasser les morceaux de l'industrie européenne, l'EGD est la seule alternative pour éviter la destruction des industries, l'effondrement budgétaire, une fragmentation mortelle de l'Europe et qu'il n'y ait plus personne pour sauver le climat.
Ce brief est uniquement disponible en anglais : The European Green Deal Three Years On: Acceleration, Errosion, Fragmentation?
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