L'Ukraine à front renversé
La situation de la guerre en Ukraine a changé ces derniers jours suite à la conférence de Munich, les déclarations de Donald Trump et de son administration, la rencontre entre Washington et Moscou à Riyad... L'Ukraine se retrouve à front renversé : d'une aide américaine au rapprochement russo-américain. Tatiana Kastouéva-Jean, directrice au Centre Russie/Eurasie, analyse ce renversement de situation.

Alors qu'en quelques jours le conflit en Ukraine a changé de nature, se présentant désormais à front renversé, quelle réactions, quelles perceptions de la guerre, quels atouts et quels rapports de force entrent en jeu ?
Avec :
- Tatiana Kastouéva-Jean : Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri
- Anna Colin Lebedev : Maîtresse de conférences en science politique à l'université Paris-Nanterre
- Camille Grand : Chercheur au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR) et ancien secrétaire général adjoint de l'OTAN
- Volodomyr Yermolenko : Philosophe ukrainien, président de PEN Ukraine, rédacteur en chef d'UkraineWorld, professeur associé à l'Académie de Mohyla à Kyiv
L’Ukraine n’a pas perdu la guerre et la Russie ne l’a pas gagnée... Près de trois ans jour pour jour après l’opération militaire dite spéciale lancée par Vladimir Poutine, on se préparait à estimer le nombre de morts et de blessés pour quelques kilomètres carrés perdus ou conquis, la quantité de personnes déplacées, sans compter le saccage des infrastructures. On s’interrogeait sur la capacité de la société ukrainienne à tenir bon encore et encore, et sur l’état de l’économie russe en dépit des sanctions. On s’attendait à de nouvelles promesses d’aide à Kiev, toujours trop peu, trop tard, on évoquait à bas bruit des scénarios de cessez-le-feu à défaut de négociations. Et voilà qu’en dix jours à peine, de façon proprement sidérante, le conflit change de nature, et se présente désormais à front renversé. L’allié américain se transforme en accusateur et en prédateur, engageant le dialogue avec Moscou, rompant la cohésion occidentale, offrant à Vladimir Poutine avant même l’ouverture de la moindre négociation la concession la plus coûteuse pour la sécurité du continent : l’engagement que l’Ukraine n’entrerait jamais dans l’Otan.
Les Etats-Unis et la Russie, deux puissances impériales
Volodymyr Zelensky refuse la main mise américaine sur les matières premières de son pays. Au-delà des déclarations confuses et parfois contradictoires de ses représentants, Donald Trump livre alors en quelques mots sa propre version que l’on dirait calquée sur celle du Kremlin : la guerre, c’est la faute à l’Ukraine, Zelensky est un dictateur, sa présence aux pourparlers n’est pas très importante. Tout s’engagerait donc pour le mieux entre ces deux puissances impériales prêtes à renouer en fonction de leurs seuls intérêts sur le dos d’un pays mutilé et d’un continent fragilisé. Face à ce bouleversement, quelles sont ce matin les réactions en Ukraine, quelle est la perception de la guerre, quelle lecture en fait-on à Moscou ? Abasourdis et mis à l’écart, les Européens se concertent. Emmanuel Macron part demain pour Washington, le Premier ministre britannique y sera jeudi. Que peut-on attendre de leurs entretiens avec le président américain ? Quels sont les atouts des Européens pour peser sur le cours des évènements ?
Emission à écouter en intégralité sur le site de Radio France.
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