« Vous n'auriez jamais dû commencer cette guerre ! » dit le président américain Donald Trump à l'Ukrainien Volodymyr Zelensky. « Avez-vous dit merci une seule fois ? », l'apostrophe le vice-président J. D. Vance. Le débat a tourné à l'invective le 18 février dans le Bureau ovale de la Maison blanche à Washington. Zelensky en est sorti sonné.

Peut-être était-ce l'objectif. Une façon de blesser par les mots, de faire passer la victime pour l'agresseur. Poutine n'aurait pas fait mieux et l'épisode a sidéré le monde, bouleversant les rapports de force et les alliances . Dans l'Union européenne, beaucoup de pays ont senti la menace sur la protection que leur fournit l'Otan. Un effet de la force des mots, le choc de la trahison.

Les bons et les mauvais mots

Les mots ont le pouvoir d'influencer la légitimité des actions et la manière dont on les accepte. Le terme « d'opération spéciale » choisit par la Russie pour son invasion de l'Ukraine traduit la volonté de minimiser. De même que le mot nazi utilisé pour désigner l'ennemi a pour objet de positionner le conflit sur le terrain des valeurs.

Un réveil dur et nécessaire

La Russie a aussi installé un récit alternatif sur de supposés objectifs d'un occident collectif, qu'elle exporte notamment en Afrique. La désinformation, qui joue sur les fractures des sociétés, fait rage. C'est une manière de faire la guerre à moindre coût, qui se situe sous le seuil de la conflictualité. C'est-à-dire qu'elle n'est pas une raison suffisante pour envoyer des troupes même si ses dégâts sont importants.

Invitée : Amélie Férey (chercheuse au sein du Centre des études de sécurité, responsable du Laboratoire de recherche sur la défense de l'Ifri, et auteure de l'ouvrage « Les Mots, armes d'une nouvelle guerre » aux Editions Le Robert).

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