Quelles relations bilatérales russo-centrasiatiques ?
Les relations que la Russie entretient avec les républiques d’Asie centrale subissent depuis plusieurs années des évolutions importantes. La crise au Kazakhstan - suivie d’une intervention russe - est l’occasion de faire un 360° des relations bilatérales russo-centrasiatiques.
En 1991, l’Union soviétique en plein effondrement voit progressivement lui échapper son plus vaste ensemble régional, l’Asie centrale, dont les cinq républiques proclament l’une après l’autre leur indépendance : le Kirghizstan, le 31 août ; l’Ouzbékistan, le 1er septembre ; le Tadjikistan, le 9 septembre ; le Turkménistan, le 27 octobre ; et enfin le Kazakhstan, le 16 décembre.
Chacun de ces pays s’engage dans une voie qui lui est propre : le Kazakhstan cherche à multiplier ses partenariats internationaux ; l’Ouzbékistan revendique le leadership régional, tout en adoptant une posture agressive envers ses voisins ; le Turkménistan se retranche derrière un isolationnisme jusqu’au-boutiste ; le Kirghizstan opte pour un régime démocratique ; le Tadjikistan se retrouve rapidement confronté à une guerre civile.
Après 1991, la Russie fait face en Asie centrale à des pays coopératifs (Kazakhstan, Kirghizstan et Tadjikistan), mais aussi à des pays qui lui sont plus hostiles (Ouzbékistan et Turkménistan). Cependant, des évolutions notables se font jour. Trente ans après la chute de l’Union soviétique, où en est la Russie avec chacune des républiques d’Asie centrale ?
Russie – Kazakhstan : une frontière et des tensions
Le Kazakhstan est un partenaire incontournable de la Russie. Ce pays participe activement à tous les processus d’intégration entrepris par la Russie en Asie centrale, que ce soit l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) ou encore l’Union économique eurasiatique (UEEA). À l’échelle internationale, le Kazakhstan assume un rôle officieux de passerelle diplomatique vers la Russie sur les dossiers sensibles. Le premier président de la République du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, a personnellement contribué à la sortie de crise en 2016 entre la Russie et la Turquie après l’épisode du Su-34. Les accords de Minsk II sur la crise du Donbass ont été conclus en février 2015 après un passage éclair de François Hollande à Moscou, au retour d’une visite officielle de deux jours au Kazakhstan, en décembre 2014. Et on n’oubliera pas non plus les cycles de négociation d’Astana (à l’époque où la capitale du Kazakhstan portait ce nom) sur le dossier syrien entre la Russie, l’Iran et la Turquie.
Première économie d’Asie centrale (avec un PIB de 170 milliards de dollars en 2019), le Kazakhstan est le principal partenaire commercial de la Russie dans la région. Les échanges commerciaux russo-kazakhstanais ont représenté près de 20 milliards de dollars en 2019. À la base de cette imbrication russo-kazakhstanaise : une longue dyade de 6 800 km, seule frontière terrestre entre la Russie et un pays d’Asie centrale. Les régions longeant cette frontière concentrent une partie notable de la population kazakhstanaise (30 %) et russe (20 %), et représentent de forts enjeux économiques (20 % du PIB du Kazakhstan et 40 % de celui de la Russie). Cet état de fait a été institutionnalisé à travers la création d’un Forum de coopération interrégionale russo-kazakhstanais, réunissant chaque année les présidents des deux pays.
[...]
>Cet article est disponible dans sa totalité sur Diploweb : Quelles relations bilatérales russo-centrasiatiques ?
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLa relation russo-iranienne à l'épreuve de l'escalade militaire au Moyen-Orient
Les relations entre Téhéran et Moscou ont connu un nouvel élan depuis le début de la guerre en Ukraine, passant d'une relation transactionnelle et asymétrique depuis 1991 à la construction d'un véritable partenariat stratégique. Néanmoins, malgré l’approfondissement des coopérations militaire, spatiale, cyber, policière et nucléaire civile, Moscou se montre réticent à s’engager directement aux côtés de Téhéran contre les États-Unis et leurs alliés au Moyen-Orient. Des différences de statut et d’approches freinent ainsi toujours la construction d’une alliance anti-occidentale entre la Russie et l’Iran.
La Russie a-t-elle des alliés ? Chine, Iran, Corée du Nord
Dimitri Minic, chercheur au Centre Russie/Eurasie, a contribué au RAMSES 2025 avec l'article « La Russie a-t-elle des alliés ? Chine, Iran, Corée du Nord » pages 192 - 195.
Moldova’s Foreign Policy after 2024 Presidential Elections: Staying on the EU Path, Moving Eastwards or Becoming Multi-vector?
L'avenir de la politique étrangère de la Moldavie sera mis à l'épreuve lors des prochaines élections présidentielles du 20 octobre 2024.
Mer Noire : rivalités et enjeux de sécurité européenne
Avec l'annexion de la Crimée en 2014, puis l'invasion de l'Ukraine de février 2022, la Russie a cherché à renforcer son emprise sur la mer Noire.