La démocratie russe : de la spontanéïté à l'improvisation ?
Résumé
Comment caractériser les transformations institutionnelles qui marquent la Russie depuis près de quinze ans? De 1991 à 1996, le pays a vu émerger un régime de 'démocratie immature' ou d’'infra-démocratie', fondé sur des élections libres, l’inscription de la séparation des pouvoirs dans la Constitution, la décentralisation et la liberté de la presse. Aux côtés de ces institutions nouvelles ont subsisté toutes celles qui n’ont connu que des changements mineurs ou se sont recomposées selon des logiques étrangères aux réformes des années 1990: il s’agit en particulier des 'structures de force' –armée, police, services de renseignements–, du système judiciaire et du système éducatif. En outre, le régime actuel se caractérise par des 'institutions de transition' qui ont pour fonction de remplir des espaces sociopolitiques vacants: oligarques, 'clans', etc. Mais la véritable lacune de la société russe, c’est l’absence d’un pouvoir consolidé, qui se traduit par une forte instabilité institutionnelle et une certaine opacité au plus haut niveau de l’Etat.
Alexeï Salmine est président du Russian Public Policy Center et professeur au Moscow Institute of International Relations.
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