Thierry de Montbrial analyse l'actualité internationale sur LCI
Visite d'Emmanuel Macron en Chine, déclarations du président de la République au sujet de Taïwan et des États-Unis, autonomie stratégique européenne et guerre d'Ukraine : Thierry de Montbrial, fondateur et président de l'Ifri, livre son analyse de l'actualité internationale dans l'émission « Un Œil sur le Monde » sur LCI.
Ce qu'Emmanuel Macron a rappelé, c'est que la France est une puissance souveraine, l'Europe n'en est pas une. Il n'y a pas de politique étrangère européenne à l'heure actuelle ni d'État fédéral en Europe. Il a d'ailleurs rappelé que la France était pour le statu quo en ce qui concerne la Chine et Taïwan.
Si un conflit réel s'esquissait entre les États-Unis et la Chine, je n'ai aucun doute sur le fait que les Européens seraient massivement derrière les États-Unis. Nous faisons souvent référence au général de Gaulle et personne ne pouvait être plus "autonomiste stratégique" que lui, mais il n'empêche qu'à chaque fois qu'il y a eu une crise majeure entre les États-Unis et l'URSS à l'époque, de Gaulle a été immédiatement du côté américain. Par ailleurs, nous avons aussi des intérêts économiques considérables avec la Chine et il est vrai que sur ce plan, les Chinois ont marqué beaucoup de points. Nous avons néanmoins été très imprudents ces dernières années au sein des pays de l'Union européenne en facilitant un petit peu trop l'arrivée des Chinois. C'est tout cela qui pèse dans la balance.
Ce que je redoute le plus à l'issue de cette guerre, c'est une certaine forme d'affaiblissement de l'Union européenne. Le projet d'autonomie stratégique est gravement mis à mal, les désaccords sont extrêmement profonds, même entre les Allemands et les Français. Des propos irresponsables ont été tenus sur un élargissement rapide de l'Union européenne alors qu'elle n'a même pas encore absorbé ses élargissements précédents. Il faut prendre conscience que malgré les apparences, l'Union européenne n'est pas en bon état aujourd'hui et il est absolument essentiel que l'on travaille à la remettre en état, faute de quoi les prochaines décennies ne seraient pas favorables aux Européens en général.
Pour l'instant, sur le plan militaire, aucun des protagonistes ne peut gagner, ni perdre. Du côté russe, je pense que Poutine pourra continuer de mobiliser des hommes, et à en perdre. Pour l'Ukraine, la question des ressources humaines est en revanche une problématique majeure. Cette guerre va probablement durer encore longtemps et il est peu probable que l'on arrive à une posture de négociation au cours des prochains mois.
> Voir l'émission en replay sur le site de LCI. Pour écouter l'interview, allez directement à 7 minutes 30.
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