Depuis son élection, Donald Trump s'entoure de "fidèles" pour "le défendre bec et ongle"
Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire et spécialiste des États-Unis et Laurence Nardon, responsable du programme Amériques de l’fri analysent les dernières nominations au sein du cabinet de Donald Trump, élu 47e président des États-Unis.
Donald Trump continue de nommer les personnalités qui formeront sa future équipe gouvernementale. Dernière en date, Karoline Leavitt, 27 ans, qui deviendra la porte-parole de la Maison Blanche, un poste aussi prestigieux qu'exposé pour celle qui a fait ses preuves à ses côtés durant la campagne. Jeudi, il avait annoncé confier le ministère de la Santé à Robert F. Kennedy Jr, notoirement sceptique vis-à-vis des vaccins, et des postes clés du ministère de la Justice aux avocats qui le défendent personnellement dans ses démêlés avec la justice. Pour diriger le Pentagone, le milliardaire a carrément choisi un animateur de Fox News, Pete Hegseth, ancien militaire sans expérience du commandement de haut niveau.
Des nominations qui n’ont pour certaines qu’un seul critère, la loyauté, selon les experts de la vie politique américaine. “Cela nous renvoie à comment Donald Trump a vécu son premier mandat, comme une trahison de ce qu’il désigne comme un état profond, c'est-à-dire une bureaucratie de gauche, démocrate, qui se serait même infiltrée dans son cabinet parce que Trump l'a souvent dit, il ne connaissait pas la politique en 2017, il s'est entouré de gens qu'il ne connaissait pas bien”, juge Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire et spécialiste des Etats-Unis. “Il a vécu l'opposition, les critiques qu'ont pu faire sur le moment où, ensuite, certains de ses ministres et anciens ministres, comme des signes de trahison et de déloyauté, le signe qu'il avait été trahi dans son exercice du pouvoir.”
Des fidèles et des soutiens
Selon Corentin Sellin, Donald Trump cherche donc aujourd’hui “des fidèles et des personnes qui sont capables de le défendre bec et ongle, on retrouve d’ailleurs beaucoup dans ces nouvelles nominations de gens qui étaient dans son équipe de défense au moment de ces impeachments, en 2020 et 2021”. Un constat partagé par Laurence Nardon : la loyauté prime sur la compétence. Des nominations qui “ne sont pas toutes du même niveau et ne sont pas toutes du même genre”, selon elle.
“Il y a des gens qui semblent compétents, comme Suzanne Wiles, dont on a déjà parlé, qui sera la directrice de cabinet, ou même Marco Rubio, qui est désigné pour être le secrétaire d'État, donc ministre des Affaires étrangères. Pour le reste, oui, il y a des gens qui semblent moins professionnels ou moins compétents pour ce qui est de gérer une grande administration, notamment celui qui est désigné pour être secrétaire à la Défense.” Selon Laurence Nardon, Pete Hegseth, ancien membre des forces spéciales “mais pas haut gradé”, est “surtout connu pour être un présentateur sur Fox News extrêmement conservateur, très télégénique, et on peut se demander si ce n’est pas pour ça que Trump l’a choisi”.
Elon Musk très présent
L’une des autres nominations choc est celle d’Elon Musk, fervent soutien de Trump pour cette campagne, qu’il a d’ailleurs largement financée. Le milliardaire a été propulsé à la tête d'une nouvelle “Commission à l'efficacité gouvernementale”. Toutefois, l’entourage du président élu “trouve que Musk commence à prendre trop de place”, rapporte Corentin Sellin. “Musk, qui a dépensé au bas mot plus de 100 millions de dollars pour soutenir la campagne de Donald Trump, estime qu'il a fait énormément pour la victoire de Donald Trump, que Donald Trump est en quelque sorte le porte-étendard de ses propres idées, et il estime avoir ce droit à occuper une forme de fonction de coprésident”, analyse-t-il.
“Mais, apparemment, certains, y compris vraiment dans l'entourage proche de Trump, sont très Musk, comme ses fils, par exemple, et d’autres estiment qu’il faudra peut-être quand même rappeler qu'il y a un président à un moment donné.” Musk lui, “a accès à la présidence, au pouvoir et il en profite”. Ce dernier a d’ailleurs rencontré lundi l'ambassadeur iranien à l'ONU pour “apaiser les tensions” entre Téhéran et les Etats-Unis, a rapporté jeudi le New York Times.
Toutes ces nominations au cabinet de Donald Trump doivent encore être validées par un vote majoritaire du Sénat, désormais majoritairement républicain. En nommant des personnes controversées y compris dans son propre camp, Donald Trump “essaie de tester son pouvoir sur son propre camp et essaie de voir jusqu’où il peut aller avec sa nouvelle majorité au Sénat”, précise Corentin Sellin.
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