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"La Coupe du Monde 2010, miroir des relations entre la FIFA et l’Afrique", par Paul Dietschy, maître de conférences à l’université de Franche-Comté et chercheur au Centre d’histoire de Sciences Po.
"L’autre facette du sport en Afrique : les luttes de politique intérieure", par Thierry Vircoulon, chercheur associé au programme Afrique de l’IFRI.
"Le rugby sud-africain : enjeu sportif ou politique ?"par Bernard Cros, maître de conférences à l’université Paris Ouest Nanterre où il enseigne la civilisation de la Grande-Bretagne et du Commonwealth.
Présidence : Alain Antil, Responsable du programme Afrique subsaharienne de l'Ifri
Bien que le sport et la politique entretiennent des relations complexes sur le continent africain, elles ont rarement été décryptées par la science politique africaniste. Loin d’être l’apanage des pays de l’ancien bloc communiste et de l’affrontement Est/Ouest, la politisation des sports est aussi un trait structurel de la politique africaine. Le sport est un outil politique multidimensionnel : il sert non seulement d’élément d’affirmation nationale et de vecteur diplomatique dans l’arène des relations internationales mais il joue aussi souvent un rôle majeur dans la politique intérieure des Etats africains.
L’interdiction de participer aux compétitions internationales imposée à l’Afrique du Sud de l’apartheid, la « rivalité cordiale » entre le Kenya et l’Ethiopie pour la domination des compétitions internationales de course de fond, la valorisation nationaliste des équipes de football, le mitraillage de l’équipe togolaise de la Coupe d’Afrique des Nations en 2009 par les sécessionnistes du Front de Libération de Cabinda, etc., mettent en évidence l’inscription du sport dans la politique internationale, que celle-ci concerne les relations intra-africaines ou les relations entre l’Afrique et l’Occident. Les tensions intra-africaines s’expriment souvent par le sport (rencontres footballistiques entre pays rivaux) comme elles peuvent aussi se résoudre par le sport (détente politique manifestée par l’organisation de matchs amicaux). Et certains événements sportifs internationaux organisés sur le continent africain (le combat de Mohammed Ali contre George Foreman au Zaïre en 1974 et la première coupe du monde de football en Afrique du Sud cette année) ont un retentissement dans le jeu des relations internationales à un moment donné.
Dimension moins étudiée car moins évidente pour le regard étranger, le sport trouve aussi une « signification intérieure » liée aux paradigmes de la politique nationale. La réminiscence récente des sports traditionnels dans certains pays africains (comme la lutte au Sénégal, au Togo ou chez les Nubas du Soudan), la politique de déracialisation du rugby en Afrique du Sud, les violences électorales des « groupes sportifs » au Burundi et, plus généralement, l’usage des clubs de football à des fins politiciennes démontrent, s’il en était besoin, que le sport est aussi le reflet privilégié des dynamiques et des affrontements politiques propres à chaque pays. L’association ostentatoire de politiciens avec certains sports est devenue un phénomène courant en Afrique et signale clairement le retour en popularité qu’ils en attendent, à tort ou à raison. En finançant et dirigeant des clubs de football, en parrainant des compétitions (l’ex président Eyadéma et la lutte au Togo), voire en y participant eux-mêmes, les politiciens africains ont inscrit le sport parmi leur répertoire d’actions, d’influence et d’intimidation.
Le séminaire, organisé à l’Institut français des relations internationales le 25 mai à 17h, a pour objectif d’éclairer les relations complexes et, par certains côtés, dangereuses entre le sport et la politique à travers quelques cas concrets.
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