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Xi Jinping, médiateur No 1 du conflit en Ukraine? Diplomatie chinoiseXi Jinping, médiateur No 1 du conflit en Ukraine?

Interventions médiatiques |

interrogé par Andrés Allemand Smaller pour la

  Tribune de Genève
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Le président chinois doit s’entretenir cette semaine avec ses homologues à Moscou et à Kiev. Décryptage des enjeux de cette visite capitale.
Contenu intervention médiatique

Suspense à Kiev. Cette semaine, pour la première fois depuis l’invasion russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’attend à tenir un entretien virtuel avec le leader chinois Xi Jinping, qui se rend d’abord à Moscou ce lundi pour rencontrer son «vieil ami» Vladimir Poutine. Ces informations de «The Wall Street Journal» sembleraient confirmer que le maître de Pékin entend désormais jouer le rôle de médiateur entre les deux capitales.

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Neutralité de façade

Premier constat: «La Chine était sous pression internationale pour jouer un rôle plus actif, plus en cohérence avec son discours», explique Marc Julienne, chercheur à l’Institut français des relations internationales.

«Depuis le début de l’invasion, Pékin appelait à un cessez-le-feu et à des négociations, mais cela ne se traduisait pas par des actes concrets. Derrière une neutralité de façade, le soutien politique à la Russie était maintenu, même si la Chine veillait à rester à l’écart du conflit armé. Le président Zelensky, en réclamant le mois dernier un entretien avec Xi Jinping, a braqué les projecteurs sur l’absence de contact.» C’est l’image de la Chine qui est en jeu.

Pourtant, rien ne semble entacher le «partenariat sans limite» conclu par Xi Jinping et Vladimir Poutine en marge des JO de Pékin en février 2022, juste avant le déclenchement des hostilités en Ukraine. Cette semaine, au cours des trois jours de visite du leader chinois à Moscou, les deux dirigeants s’apprêtent à signer une déclaration commune pour approfondir leur «relation stratégique entrant dans une nouvelle ère», selon le Kremlin. Et ce n’est pas tout. «Plus de dix documents» seront signés, notamment sur la coopération économique jusqu’en 2030.

Pour Xi Jinping, peu importe que le président Poutine soit visé par un mandat d’arrêt émis vendredi par la Cour pénale internationale pour crime de guerre de «déportation illégale» d’enfants ukrainiens lors de l’invasion russe.

Levier économique

Il semble donc difficile de prendre au sérieux la «neutralité» de la Chine, qui n’a dénoncé ni l’agression russe en Ukraine ni les atrocités commises. «Je suis extrêmement sceptique face à l’éventualité d’une médiation par Xi Jinping», confie Marc Julienne.

«Beaucoup d’observateurs ont été impressionnés par l’accord signé le 10 mars à Pékin entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Mais pour l’Ukraine, il n’y a pas de «plan de paix», pas même de «feuille de route», la déclaration en douze points ne fait qu’énoncer des principes très généraux de politique étrangère chinoise. À peu de frais, Xi Jinping se pose en acteur responsable. Mais en réalité cette guerre fait son affaire. Elle lui donne accès à du pétrole russe très bon marché et lui permet de prendre l’ascendant sur Moscou.»

D’autres analystes sont moins pessimistes. «Nous ne devrions pas rejeter les ouvertures de paix du seul pays qui possède à la fois des liens diplomatiques étroits avec la Russie et un levier économique considérable sur Moscou», estime Mark Hannah, de la fondation Eurasia Group, qui relativise le «partenariat sans limite». Dans la guerre en Ukraine, «la Russie est clairement perdante, et la Chine a de grands espoirs de rétablir les liens avec les principales économies européennes», note pour sa part la chercheuse Yu Jie de l’institut britannique Chatham House.

Entériner la conquête

Quant à Mona Ali Khalil, ancienne conseillère juridique à l’ONU et à l’AIEA, elle relève que les douze points de la «Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne» appellent notamment à respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale (1), à protéger les civils et respecter le droit humanitaire (6), mais aussi à assurer la sécurité des centrales nucléaires (7) et à s’abstenir de toute menace atomique (8). Autant de points critiques pour Vladimir Poutine.

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>> Retrouver l'article en intégralité sur le site de la Tribune de Genève

 

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri