Xi Jinping commence en France, puis ira en Serbie et Hongrie
Sur fond de guerre en Ukraine et de tensions commerciales, le président chinois arrive en France pour une visite de deux jours. Attentes incertaines.
Ce sera la troisième visite de Xi Jinping en France depuis son accession au pouvoir, en 2013, et le prétexte est le 60e anniversaire de la reconnaissance par la France de la République populaire de Chine et de l’instauration de leurs relations diplomatiques. Le président chinois est arrivé dimanche après-midi à l’aéroport d’Orly, où il a été reçu par le premier ministre Gabriel Attal.
La visite durera deux jours, avec une journée d’entretiens en compagnie du président Macron et de cérémonies officielles à l’Élysée, lundi, suivie d’une séquence plus intimiste, mardi, où les deux présidents se rendront avec leurs épouses dans les Hautes-Pyrénées, là où vivait la grand-mère maternelle d’Emmanuel Macron, à laquelle il était particulièrement attaché.
L’attention aux relations personnelles
L’intensité de la préparation témoigne de l’importance de cette visite aux yeux de la France. La semaine dernière, le président Macron a rencontré le chancelier Olaf Scholz pour la planifier et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, participera lundi à une partie des discussions. La séquence informelle de mardi rappelle par ailleurs l’attention très particulière que le président français accorde aux relations personnelles, même si les précédents avec Donald Trump ou Vladimir Poutine en ont démontré les limites.
Mais cette visite, qui donnera sans doute lieu à de nombreux gestes de sympathie, sera peut-être plus avare en avancées véritables sur les deux sujets principaux qui en constituent l’arrière-plan: la guerre en Ukraine et les tensions commerciales entre la Chine et l’Union européenne.
Il y a un an, lors de la rencontre en Chine des deux dirigeants, Emmanuel Macron avait demandé à Xi Jinping d’user de son influence pour «ramener la Russie à la raison». Le dirigeant chinois n’en a rien fait, et on voit mal pourquoi il le ferait aujourd’hui alors que les opérations sur le terrain sont dans une phase favorable à la Russie. Dans un entretien accordé le 2 mai à «The Economist», Emmanuel Macron estime néanmoins que «ce n’est pas l’intérêt de la Chine aujourd’hui d’avoir une Russie déstabilisatrice de l’ordre international […]. Il faut donc travailler avec elle pour construire la paix.» L’Élysée confirme qu’il demandera à la Chine d’utiliser «les leviers qui sont les siens pour faire évoluer la position russe».
Accusations croisées
L’autre dossier prioritaire est commercial: entre la Chine et l’Union européenne, ces derniers mois sont plutôt tendus, avec plusieurs enquêtes ouvertes côté européen sur des accusations de subventions étatiques chinoises à des secteurs industriels et une contre-attaque de Pékin accusant la France de dumping sur les cognacs.
Dans ces circonstances, la question de l’ouverture du marché chinois aux exportations de viande ou de produits laitiers français sera discutée, de même que celle des investissements industriels chinois en France, notamment dans le domaine des véhicules électriques, mais il y a peu d’espoir d’annonces significatives.
Pied de nez diplomatique
À la fin de sa visite en France, Xi Jinping s’envolera mardi pour la Serbie, où il arrivera vingt-cinq ans exactement après le bombardement de l’ambassade chinoise de Belgrade, lors des frappes de l’OTAN de 1999. Il enchaînera ensuite avec une visite en Hongrie, jusqu’à vendredi. Deux régimes qui soutiennent Vladimir Poutine et deux régimes qui ont une attitude favorable aux investissements chinois d’infrastructures liées à la route de la soie. Paris aurait souhaité que ces deux escales soient évitées, mais elles ont été maintenues.
«Le message envoyé par Xi est limpide: opposition à l’OTAN, lutte d’influence avec les Américains en Europe et soutien des régimes illibéraux», résume sèchement le chercheur Marc Julienne, directeur du Centre Asie à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
> Lire l'article sur le site de La Tribune de Genève.
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