Visite d’Emmanuel Macron à Berlin : la relation franco-allemande confrontée à des défis familiers
Le symbolisme franco-allemand, plutôt que les querelles sur la politique, occupera brièvement le devant de la scène lorsque le président français Emmanuel Macron rencontrera le président allemand Frank-Walter Steinmeier à Berlin dimanche (26 mai). Cette visite officielle de trois jours sera la première en 24 ans.
Comme en 2000, les deux pays sont à nouveau confrontés à des questions fondamentales sur l’avenir de l’Europe, qui occuperont une place importante lors de cette visite essentiellement protocolaire.
« La même question se pose aujourd’hui, bien que de manière différente, sur la finalité de l’Europe », a déclaré à Euractiv Jeanette Süβ, experte en relations franco-allemandes à l’Institut français des relations internationales (IFRI), un groupe de réflexion géopolitique.
- La visite de l’ancien président français Jacques Chirac en 2000 a eu lieu quelques mois avant que les dirigeants de l’Union européenne ne signent le traité de Nice, qui a marqué le début de la tentative infructueuse de l’UE d’adopter une constitution, a noté Mme Süβ.
À l’époque, l’Union se préparait également à un élargissement à l’Est, qui l’a profondément transformée avec l’adhésion de dix nouveaux pays le 1er mai 2004.
Les propos tenus par Jacques Chirac à Berlin résonnent avec le double débat actuel sur la réforme de l’UE et sur l’adhésion de l’Ukraine, de la Moldavie et des Balkans occidentaux.
« L’élargissement ne doit pas être un affaiblissement. C’est une Europe forte, démocratique, capable d’agir que les pays candidats veulent rejoindre. Voilà pourquoi la réforme des institutions constitue une étape incontournable », avait déclaré Jacques Chirac à l’époque.
Bien que les tensions franco-allemandes d’aujourd’hui soient souvent imputées au tandem particulièrement dysfonctionnel formé par Emmanuel Macron et Olaf Scholz, le bruit qui a entouré la visite de Jacques Chirac montre que des problèmes similaires ont également concerné les dirigeants de l’époque.
Le magazine allemand Spiegel a titré son article « Le moteur franco-allemand doit tourner plus en douceur », soulignant le désaccord sur l’intégration de la politique étrangère et de sécurité de l’UE.
Identique, mais différente
L’UE de 2024 est radicalement différente de celle du début du millénaire, après une crise financière, une pandémie mondiale et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a ramené la guerre sur le continent. Les questions politiques à l’ordre du jour, telles que la nécessité de renforcer la capacité de défense de l’Europe et de stimuler sa compétitivité à long terme, sont nettement plus dramatiques.
Toutefois, alors que l’Union européenne est arrivée au terme de l’arc institutionnel conçu par ses dirigeants au début des années 2000, ses deux plus grands États membres sont aujourd’hui confrontés à des questions similaires à celles qu’ils se posaient à l’époque concernant le prochain chapitre de l’UE, l’élargissement et la poursuite de l’intégration.
Ainsi, Emmanuel Macron profitera de sa visite pour « expliquer et clarifier » le contenu de son deuxième discours à la Sorbonne sur l’avenir de l’Europe, qui comprenait une proposition controversée en faveur d’une nouvelle dette commune, et cherchera un terrain d’entente avec M. Scholz, a indiqué l’Élysée aux journalistes.
Les images symboliques d’une visite officielle permettront au président français de susciter la sympathie de la population allemande pour les défis à venir, estime Claire Demesmay, politologue au Centre Marc Bloch.
Urgence et terrain inconnu
Les perspectives sont peut-être pires qu’au début du millénaire, lorsque la dynamique de réflexion à long terme était plus forte, une dynamique qui semble s’être estompée en 2024, selon Mme Süβ.
Mais la nécessité de le faire devient de plus en plus urgente : les deux gouvernements doivent laisser leur marque avant une série d’élections qui pourraient changer fondamentalement l’Europe et leurs relations.
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