Violences xénophobes en Afrique du Sud : des centaines de Nigérians quittent le pays
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Les grandes villes d'Afrique du sud sont secouées depuis le début du mois, par des actes de violence à l’égard des populations étrangères, principalement dans les quartiers pauvres. Les cibles sont des ressortissants du Zimbabwe, du Malawi ou encore du Nigéria.
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La semaine dernière, en trois jours, douze personnes ont été tuées. Une cinquantaine de magasins ont été incendiés. Cette vague de violence a commencé après la mort de trois personnes dans un incendie. Les émeutes et les pillages se sont ensuite propagés à Johannesburg, puis à Pretoria.
Des actes ouvertement xénophobes qui inquiètent vivement les communautés immigrées, à tel point qu’aujourd’hui, 300 Nigérians ont dû quitter précipitamment le pays.
Une violence attisée par un taux de chômage de 29%
L'Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage (29%) et la pauvreté. Plus de 10 millions de personnes n'ont pas de travail. Une situation qui fait des migrants issus des pays voisins, des boucs émissaires.
"Ces attaques xénophobes reviennent régulièrement en Afrique du Sud", explique Thierry Vircoulon, spécialiste de l’Afrique australe. "On reproche à ces communautés étrangères de prendre les emplois des Sud-Africains et de contribuer à l’insécurité dans le pays. Un discours xénophobe classique qui est le résultat d’une crise économique profonde et qui sévit dans le pays depuis au moins deux décennies. Généralement, ces communautés sont actives dans le commerce, notamment le petit commerce, dans une catégorie sociale pauvre, ce qui fait d’eux des cibles privilégiées. Parfois, effectivement, ils sont employés par des Sud-Africains, car ils coûtent moins cher. Les Sud-Africains considèrent que c’est une concurrence déloyale sur le marché du travail. Tant qu’il y aura des déséquilibres sur ce marché du travail, tant que les employeurs pourront exploiter cette main-d’œuvre, on aura manifestement encore des vagues xénophobes".
Les responsables politiques et la police pointés du doigt
Lors des émeutes, la police a tiré des balles en caoutchouc et des grenades paralysantes pour disperser la foule de plusieurs centaines de manifestants armés de bâtons. Plus de 600 personnes ont été arrêtées.
Mais le président Cyril Ramaphosa n’a condamné ces violences publiquement que tardivement, sans prendre de mesures assez fortes, estiment les associations nigérianes en Afrique du Sud. La semaine dernière, celles-ci avaient appelé le gouvernement sud-africain "à faire davantage pour empêcher que de telles attaques se propagent dans d'autres régions, à chercher un meilleur moyen pour empêcher que de tels actes inhumains ne se reproduisent".
Cette violence serait même attisée par certains représentants politiques qui tiennent des discours xénophobes. "Un certain nombre de responsables politiques, que ce soit dans la majorité ou l’opposition, ont parfois eu recours à un discours qui pouvait laisser entendre que certains émigrés illégaux participaient à des violences", explique Victor Magnani, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI). "Par ailleurs la police sud-africaine a été pointée du doigt. Des associations dénoncent le fait qu’elle n’était pas suffisamment réceptive lorsque des plaintes étaient déposées ou lorsque des violences avaient lieu à certains endroits".
La semaine dernière, de nombreux pays africains avaient vivement réagi face à ces violences, et le Nigeria, qui rivalise depuis des années avec l'Afrique du Sud pour la place de première puissance économique du continent, a pris la tête du mouvement.
Lundi, la présidence nigériane a "donné les instructions nécessaires pour l'évacuation immédiate de tous les Nigérians qui souhaitent rentrer à la maison".
Le consulat nigérian à Johannesburg a déclaré que 600 personnes environ, sur "plus de 100.000 Nigérians" vivant actuellement en Afrique du Sud, s'étaient manifestées et devaient être rapatriés à partir de ce mercredi.
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