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Une étude dresse le portrait-robot des jihadistes français

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Une enquête à paraître en avril a étudié le parcours de 137 personnes condamnées en France pour des faits de jihadisme. Ses conclusions battent en brèche l'image du "loup solitaire" rapidement radicalisé sur Internet.

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L'Institut français des relations internationales (Ifri) publié, mercredi 28 mars, les extraits d’une enquête fleuve, à paraître en avril, sur le profil des djihadistes en France. Intitulé "137 Nuances de terrorisme", l’étude réalisée Marc Hecker, enseignant à Sciences Po, a analysé les profils et les parcours de 137 individus condamnés en France dans des affaires de jihadisme de 2004 à fin 2017.

"Un jeune né en France dans une famille d’origine immigrée, qui a grandi dans un quartier défavorisé, a échoué à l’école, n’a pas réussi à s’insérer sur le marché du travail et a sombré dans la délinquance, a bien plus de chances de rejoindre un groupe jihadiste que le reste de la population", signale le rapport, précisant que "l’immense majorité des jeunes correspondant à ce profil ne deviennent pas jihadistes".

Revenus faibles

Les personnes étudiées sont majeures et ont en moyenne 26 ans. Quelque 40 % d’entre elles sont originaires d’un quartier prioritaire et défavorisé et elles sont significativement moins éduquées que le reste des jeunes français. "Leur capital culturel est aussi particulièrement faible", 36 % n’ont pas d’emploi et 22 % ont un emploi précaire.

"Les revenus officiels de ces individus étaient en conséquence faibles, la moyenne se situant aux alentours de 1 000 euros [par mois]", pointe l’étude. Pour l’auteur, les condamnés français, "pays occidental le plus touché par le phénomène du jihad en Syrie", pratiquent un jihadisme "low cost", qui ne nécessite pas la mise en place de circuits financiers complexes.

Le profil de seulement six filles a été étudié. "La proportion très réduite de femmes ne reflète pas le faible engagement de ces dernières dans le jihadisme", mais plutôt "la tendance qui a longtemps prévalu au sein de l’administration judiciaire de ne pas poursuivre les femmes impliquées dans les filières jihadistes". "Il arrive que des femmes jouent au contraire un rôle moteur dans la radicalisation de leurs conjoints", continue l’enquête, qui ne porte que sur des condamnés majeurs.

Sur 126 personnes dont les antécédents judiciaires ont pu être étudiés, 50 "avaient fait l’objet d’au moins une condamnation, 15 n’avaient jamais été condamnées mais avaient été signalées aux services de police et 61 avaient un casier judiciaire vierge".

Faible niveau de connaissances religieuses

Alors que 69 % des condamnés sont français et 22 % sont des binationaux, l’étude signale que 59 % d’entre eux ont des parents originaires du Maghreb. Concernant la religion, 74 % sont musulmans de naissance et 26 % sont des convertis. Pour autant, la plupart des jeunes ont un faible niveau de connaissances religieuses.

Marc Hecker bat en brèche l’idée du "basculement instantané", selon laquelle le processus de radicalisation se fait très rapidement. Sur 39 individus, 30 % ont mis plusieurs années à se radicaliser, et seuls 17 % ont mis "quelques mois". On outre, Internet ne suffit pas à la radicalisation, il sert plutôt de vecteur pour s’informer, communiquer, se rencontrer, et préparer des actions, "que ce soit un départ vers une terre de jihad ou une opération terroriste sur le territoire national".

Aucun "loup solitaire" n’apparaît dans l’étude, qui note que le processus de radicalisation relève plutôt de l’effet de groupe. "Nombre de prévenus ou d’accusés se connaissaient de longue date. Certains étaient dans la même classe au collège ou jouaient au football dans le même club."

Enfin, l’enquête pointe que les peines de prison infligées aux jihadistes étaient bien plus clémentes avant 2014 qu’aujourd’hui. La peine moyenne de prison ferme est ainsi passée de quatre ans en 2014 (17 personnes concernées) à dix ans en 2017 (30 personnes).

 

Lire l'article sur France 24 ici.

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Marc HECKER

Marc HECKER

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Directeur adjoint de l'Ifri, rédacteur en chef de Politique étrangère et chercheur au Centre des études de sécurité de l'Ifri