Turquie : Erdoğan réélu à la tête du pays
Direction la Turquie après la victoire d'Erdoğan. Mais le pays reste polarisé. L'exaltation de la fierté turque a été plus forte que la crise économique. Quelles traces cette élection va-t-elle laisser ? Va-t-elle changer le cours des choses ou conforter Erdoğan dans sa vision très autocratique du pouvoir ?
Et quel positionnement pour la Turquie au niveau international entre l'Otan et la Russie, proche de la Chine, et désireuse de jouer un rôle de plus en plus grand au moyen orient ? Quel avenir pour les réfugiés syriens? Et l'opposition, a-t-elle manqué une occasion rêvée de l'emporter?
"Ce qui a été déterminant est le besoin de stabilité des électeurs turcs dans un moment très compliqué pour la Turquie sur le plan interne et international aussi : avec une multiplication des menaces aux frontières et cette crise économique dont on a beaucoup dit qu’elle aurait la peau d’Erdoğan. Mais finalement l’opposition n’a pas semblée offrir un programme suffisamment crédible, et elle n’était probablement pas suffisamment unie, même s’il ne faut pas négliger le fait que tous les leviers de communications étaient maitrisés aussi par Erdoğan." comme le perçoit Dorothée Schmid.
"Le candidat de l’opposition Kemal Kılıçdaroğlu a aussi essayé de rattraper son retard sur la rhétorique nationaliste, il l’a fait de manière assez maladroite, au risque même de perdre une partie de son électorat de gauche. D’ailleurs la participation est un petit peu en baisse, on peut imaginer que des électeurs ont donc été un peu déboussolés." décrypte Dorothée Schmid.
"Vladimir Poutine doit de plus en plus compter sur la Turquie au fur et à mesure de son affaiblissement, et donc quelque chose de très important va désormais se jouer. Jusqu’à présent la Turquie évitait de prendre parti ce qui signifie qu’en réalité elle est engagée des deux côtés : elle a aidé l’Ukraine militairement en lui fournissant des drones au début de la guerre, elle a aussi aidé à organiser cet accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes. Mais elle est aussi très attentive à ne pas froisser Vladimir Poutine, puisqu’elle a notamment négocié avec lui des délais de paiement pour ses fournitures de gaz, ce qui est très important dans un contexte de crise énergétique ; et on a maintenant des rumeurs de tentatives d’achat d’armement turc par Wagner par des canaux détournés, donc finalement cette idée d’un contournement des sanctions par la Russie qui passerait systématiquement par la Turquie. J’ai le sentiment aujourd’hui que Vladimir Poutine va faire de plus en plus pression sur Tayyip Erdoğan pour l’amener dans son camp." analyse Dorothée Schmid.
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