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Trois systèmes lance-missiles longue portée américains prochainement déployés en Allemagne

Interventions médiatiques |

citée par Gaétan Powis pour

  Air & Cosmos
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En 2026, l’US Army déploiera pour la toute première fois en Europe sa Multi-Domain Task Force, centrée autour de trois systèmes lance-missiles longue à très longue portée ; l’HIMARS équipé du missile PrSM, le Typhon équipé de missiles sol-sol Tomahawk ou sol-air SM-6 et enfin, le LRHW avec ses deux missiles transportant chacun un planeur hypersonique.

Contenu intervention médiatique

Cette task force est avant tout pensée pour détruire les systèmes de déni d’accès et d’interdiction de zone ennemis.

Déploiement en 2026

À l'occasion du sommet OTAN de Washington, les États-Unis et l'Allemagne ont publié un communiqué de presse le 10 juillet pour annoncer le déploiement d'un système spécifique en Allemagne. Dès 2026, l'US Army déploiera épisodiquement sa Multi-Domain Task Force (littéralement, groupement interarmes multi-domaines). L'Army Multi-Domain Transformation : Ready to Win in Competition and Conflict (16 mars 2021) donne une définition du MDTF :

"En tant qu'éléments de manœuvre au niveau du théâtre des opérations, les groupements interarmes multi-domaines synchronisent les effets de précision et les tirs de précisions dans tous les domaines, conte les réseaux de déni d'accès et d'interdiction de zone adverses dans tous les domaines, permettant aux forces interarmées d'exécuter leurs rôles dirigés par le plan des opérations militaires."

En d'autres termes, il arrive que des forces ennemies soient capables d'empêcher toute manœuvre des forces alliées par la création de bulles antiaériennes, antinavires,... sur une seule et même zone (déni d'accès et d'interdiction de zone, A2/AD). Dès lors, pour faire sauter ce verrou, l'US Army prévoit de cumuler de nombreux systèmes en une seule unité, dénommée Multi-Domain Task Force (MDTF). Cette MDTF est surtout axée sur la bulle A2/AD déployée par la Chine en mer de Chine du Sud mais dispose aussi d'un intérêt en Europe, face aux Forces armées russes.

Cette task force regroupe alors un bataillon antiaérien, un bataillon de soutien, un bataillon de renseignement et de communication et bien évidemment, un bataillon d'artillerie. Ce dernier est alors équipé en moyens stratégiques ;

  • une batterie de lance-roquettes multiples M142 High Mobility Artillery System (HIMARS)
  • une batterie Mid-Range Capability (MRC)
  • une batterie Long-Range Hypersonic Weapon (LRHW)

L'US Army note également que les moyens inclus dans cette task force stratégique peuvent varier en fonction des besoins sur le terrain.

 

[...]

Quelle utilisation en Europe ?

Comme rappelé sur X par Héloïse Fayet, chercheuse spécialiste des programmes balistiques à l’Ifri, ces systèmes permettraient d'atteindre des sites stratégiques russes à l'aide de moyens conventionnels :

"Mais à quoi peuvent-ils servir ? Tout simplement à atteindre des sites stratégiques qui, jadis, ne pouvaient être ciblés que par des missiles à charge nucléaire (ce qui pouvait engendrer une riposte nucléaire) ou par l'aviation de chasse (à condition de franchir les défenses). On assiste donc potentiellement à une extension du domaine de la lutte sous le seuil nucléaire, avec des conséquences encore mal maîtrisées."

Contactée sur ce sujet, elle ajoute que l'utilisation variera en fonction de deux facteurs, à savoir la masse de missiles disponibles et leur coût ; "Il est possible d'imaginer un ciblage de sites « tactiques » (donc, des frappes décidées au niveau opératif) si de nombreux systèmes peu coûteux sont disponibles. En revanche, si seulement 10 missiles à 50 millions de dollars/pièces sont disponibles, leur usage sera plus... réfléchi."

Par ailleurs, ce déploiement peut aussi être vu au niveau du soutien et de la réassurance des pays européens :

"À noter d'ailleurs que les États-Unis disposent déjà de moyens conventionnels pour frapper à distance les sites stratégiques russes depuis des bâtiments de surface ou des bombardiers stratégiques. Il s'agit donc aussi de réassurer les Alliés en les impliquant dans la défense."

Elle pose aussi la question d'une éventuelle frappe russe :

"Que se passe-t-il si un site concourant à la dissuasion russe est frappé par un missile depuis l'Allemagne ?" Elle précise toutefois "qu'un tel scénario est peu probable et que le déploiement depuis l'Allemagne pourrait seulement servir de base de départ ; une éventuelle guerre verrait alors le déploiement plus en avant du LRHW".

La crise des Euro-missiles 2 ?

Certains voient dans cette annonce le retour à une crise des Euromissiles. Pour rappel, à la fin des années 1970, l'Union soviétique déploya de nouveaux systèmes stratégiques, comme expliqué dans la déclaration du sommet spécial de l'OTAN à ce sujet :

"Cette situation a été spécialement aggravée ces dernières années par les décisions de l'URSS de mettre en œuvre des programmes visant à moderniser et développer substantiellement ses moyens nucléaires à longue portée. On a ainsi vu, en particulier, I'URSS déployer le missile SS-20, système nettement plus perfectionné que les précédents en ce sens qu'il possède une précision, une mobilité et une portée accrues et qu'il est pourvu de charges multiples, et le bombardier [Tu-22] Backfire, dont les performances sont bien supérieures à celles des autres avions soviétiques déployés à ce jour pour remplir des missions de théâtre."

Dès lors, en réponse à ces déploiements et afin d'équilibrer la posture stratégique :

"En conséquence, les ministres ont décidé de procéder à une modernisation des LRTNF de l'OTAN en déployant en Europe des systèmes américains lancés du sol comprenant 108 lanceurs Pershing II qui remplaceront les Pershing l-A américains existants, de 464 missiles de croisière lancés du sol, tous dotés de charges uniques."

[...]

 

> Lire l'article en intégralité sur le site de Air & Cosmos
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Héloïse FAYET

Héloïse FAYET

Intitulé du poste

Chercheuse, responsable du programme dissuasion et prolifération, Centre des études de sécurité de l'Ifri