Tout comprendre à la nouvelle crise pétrolière
Après s’être lancés dans une terrible guerre des prix, Russes et Saoudiens ont enterré la hache de guerre début avril pour essayer d’enrayer la folle dégringolade des cours. Mais cette paix armée n’a pas tout résolu...
Au milieu de la tempête déclenchée par le coronavirus, rares sont les Gilets jaunes qui se sont aperçus qu’un de leurs vœux avait été réalisé par un bon génie: le prix des carburants avait fortement chuté. Cela s’explique par la dégringolade – et le mot est loin d’être trop fort – des cours du pétrole. Malheureusement pour eux, le vent est en train de tourner. Retour sur l'affrontement en plusieurs actes qui a secoué le marché pétrolier ces derniers mois.
Pourquoi les cours du brut ont-ils baissé au début de l’année ?
Pour une simple question d’offre et de demande. Dès les premières semaines de 2020, les marchés ont compris que la crise du coronavirus allait conduire à une réduction significative de la consommation, et que, par conséquent, la production serait supérieure aux besoins. Et de fait, frappée de plein fouet par l’épidémie, la Chine, premier importateur mondial de pétrole avec 11 millions de barils par jour, a considérablement réduit ses achats en début d’année, pour les mettre en rapport avec les besoins de son économie, mise à l’arrêt par le confinement. Contaminés un à un, les autres pays ont eux aussi réduit leurs importations de brut, en particulier en Europe.
Et le tout risque de se prolonger pendant plusieurs mois, car l’économie mondiale n’est pas près de repartir. Dans le pire des scénarios évoqués par l’AIE (Agence internationale de l’énergie), la demande pourrait se contracter en moyenne de 730.000 barils par jour en 2020. Or, comme le souligne Philippe Chalmin, professeur à Paris-Dauphine et spécialiste des matières premières, "le marché était déjà excédentaire depuis plusieurs mois, d’environ 1 million de barils par jour". Si encore les pays producteurs s’étaient entendus pour organiser un repli en bon ordre de l’offre, les prix auraient pu faire de la résistance. Mais ils ont fait tout le contraire: leur grande réunion à Vienne, le 6 mars dernier, s’est transformée en un implacable règlement de comptes entre l’Arabie saoudite et la Russie, les deux piliers de l’"Opep +".
- "Au départ, l’Opep avait décidé de laisser les cours s’effondrer pour préserver ses parts de marché en essayant de décimer les pétroliers américains (le brut de l’Oncle Sam, qui coûte beaucoup plus cher à extraire, n’est pas rentable à produire lorsque les cours sont bas, NDLR), mais elle a juste réussi à freiner leur expansion et non à les mettre à genoux. Or, pendant ce temps-là, la chute des prix avait des conséquences dramatiques pour les Etats qui dépendent majoritairement de l’or noir", décrypte Olivier Appert, conseiller du Centre énergie de l’Ifri (Institut français des relations internationales), et ancien président de l’Institut français du pétrole (IFP) Energies nouvelles.
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Au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite a besoin d’un prix du baril presque deux fois plus élevé (aux alentours de 80 dollars), mais elle dispose elle aussi de solides réserves financières dans lesquelles elle peut puiser. "Cela dit, elle ne pourra pas survivre plus de deux ans avec un baril très bas", assure Olivier Appert.
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