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Russie : les faiblesses d’une armée déficiente

Interventions médiatiques |

interviewé par Jean Guisnel dans

  Le Point
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L’armée russe a échoué à atteindre les objectifs fixés par Vladimir Poutine en Ukraine, mais elle a encore plusieurs atouts dans sa manche.

Contenu intervention médiatique

Voilà un an, avant qu'elle attaque l'Ukraine, l'armée russe méritait le titre de deuxième armée du monde, derrière celle des États-Unis. Dans tous les domaines, du plus puissant (les forces nucléaires stratégiques) au plus souple et au plus subtil (les forces spéciales), en passant par des légions de hackeurs de la cyberguerre, l'armée russe avait tout pour épouvanter. Elle avait pour commandant en chef Vladimir Poutine, chef de guerre prêt à conduire sans hésitation ses soldats à la mort, que sa population suit à force de propagande et de décervelage, et sa base industrielle était prête… À partir du 24 février 2022, la planète, incrédule, a été prise de saisissement.

[...]

Pour Dimitri Minic, docteur en histoire des relations internationales, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri), en 2014, l'armée russe avait réussi une opération magistrale en capturant la Crimée, péninsule stratégique grande comme la région Bretagne, que l'URSS avait cédée à l'Ukraine en 1954, sans pratiquement tirer un coup de feu.

« La conquête de la Crimée sans coup férir avait été le fruit d'une évolution de la pensée stratégique russe mettant l'accent depuis des années sur l'utilisation de moyens d'influence non militaires ou militaires indirects, parmi lesquels la guerre informationnelle, la stratégie asymétrique, […] les forces spéciales, les formations armées irrégulières […] ou encore la dissuasion stratégique. »

Le succès en Crimée est le résultat d'une stratégie visant à mettre en oeuvre une pression médiatique, politique, informationnelle telle que l'objectif tombe comme un fruit mûr. C'est la stratégie du contournement.

En Russie, « les élites militaires ont théorisé le contournement en croyant avoir été très en retard sur l'Occident, alors que [leur pays] a probablement innové en la matière. Elles ont érigé le contournement en tropisme », explique Dimitri Minic.

[...] Quand il s'est agi d'envahir l'Ukraine, l'armée russe, aux ordres du trio Vladimir Poutine, Sergueï Choïgou, ministre de la Défense, et Valeri Guerassimov, n'a pas rencontré le succès [attendu]. Dimitri Minic poursuit : 

 

« Les illusions du plan de l'opération militaire spéciale tenaient dans la certitude que tout le travail de subversion et d'intimidation de longue date, depuis 2014, et récent, depuis 2021 en particulier, avait tellement affaibli l'Ukraine qu'un coup de boutoir armé final suffirait à faire s'effondrer la structure. »

 

L'échec est patent : les pertes matérielles et humaines [...] sont démesurées, très supérieures à ce que le Kremlin avait initialement envisagé. Dimitri Minic ne s'en étonne guère.

« Les élites politico-militaires russes restent marquées par des obsessions qui continueront d'influer sur leur production intellectuelle, institutionnelle et opérationnelle, au risque d'élaborer des plans et des actions éloignés des réalités stratégiques et des capacités de la Russie. Il faut faire une analyse globale de la pensée stratégique russe pour bien comprendre ce qu'il s'est passé, avec, d'un côté, le niveau théorico-militaire et, de l'autre côté, le niveau des croyances et du mode de pensée de ces élites, des niveaux qui s'imbriquent profondément. »

[...]


> Lire l'article dans son intégralité sur le site du Point

 

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Dimitri MINIC

Dimitri MINIC

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Chercheur, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri