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Reconnaître le "génocide" ouïghour en France : un coup d'épée dans l'eau ?

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interrogé par Mathilde Karsenti pour

  Marianne
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Deux semaines avant l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Pékin, l’Assemblée nationale a adopté ce jeudi 20 janvier, une résolution dénonçant le « génocide » de la minorité ouïghoure perpétré par la République populaire de Chine dans la province du Xinjiang. Mais un tel texte, non contraignant, peut-il avoir un impact sur la politique de Pékin ?

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Alors que 175 votants se trouvaient dans l’hémicycle ce jeudi 20 janvier, la résolution portée par le député socialiste de la Gironde Alain David a été votée presque unanimement, ce qui est rare en France : 169 voix pour, 1 voix contre et 5 abstentions. Le texte, soutenu par les députés de la majorité LREM, « reconnaît officiellement les violences perpétrées par les autorités de la République populaire de Chine à l'encontre des Ouïghours comme constitutives de crimes contre l'humanité et d'un génocide », et les « condamne ». Mais que sait-on sur les conséquences diplomatiques que peut avoir un tel texte ?

L’altération des relations franco-chinoises ne semble pas être d’actualité pour Marc Julienne, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et spécialiste de la Chine. Selon lui, « l’effet non contraignant de la résolution ne va pas conduire la Chine à adopter de rétorsions envers les entreprises françaises sur le territoire ». Sur le plan juridique et aux termes de l’article 34-1 de la Constitution, l’Assemblée nationale est autorisée à voter des résolutions, sans aucun effet contraignant. Autrement dit, elle émet un avis sur une question déterminée après qu’un ou plusieurs députés ont déposé une proposition de résolution.

« Pression sur l’exécutif »

Selon Marc Julienne, la résolution adoptée ce jeudi a donc avant tout une portée « symbolique ». C’est une manière, pour les parlementaires, d’inviter le gouvernement français à agir. « Cela va créer une réelle pression sur l’exécutif afin qu’il prenne une position plus ferme sur la question » analyse-t-il encore. Et d’ajouter : « si tel est le cas, la Chine pourra y voir là une menace et la question des conséquences diplomatiques sera alors légitime. » Une prise de position qui pourrait d’ores et déjà se concrétiser par l’absence de représentation gouvernementale française aux Jeux olympiques (JO) d’hiver de Pékin, selon l’élu et rapporteur du texte à l’Assemblée Alain David. « Ce serait déjà un bon début » confie-t-il à Marianne.

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« Mouvement international »

Si elle le fait pour la première fois, la France n'est pas le premier pays à se positionner sur la répression chinoise dans la province du Xinjiang. Plusieurs États ont en effet déjà officialisé leur reconnaissance du génocide des Ouïghours par la Chine, à commencer par les États-Unis en janvier 2021, suivi des Parlements britanniques, néerlandais, et canadiens qui ont qualifié les exactions commises de « crimes contre l’humanité » et de « génocide ». Par ailleurs, des procédures similaires sont en cours dans d’autres États tels que la Belgique, l'Allemagne, la Lituanie et la Nouvelle-Zélande.

Pour Alain David, le député socialiste à l’origine du texte, les récentes reconnaissances créent un « mouvement international non négligeable ». Ce qui peut « pousser la Chine dans ses retranchements » selon le chercheur Marc Julienne. La rhétorique de Pékin est souvent la même, selon lui. « Dans un premier temps, elle nie les accusations, puis face aux preuves et à la pression internationale, elle les justifie par les effets positifs qu’elles ont eus sur la société chinoise », explique-t-il. C’est ce qu’elle avait d'ailleurs fait pour répondre à de nombreux pays lui reprochant d’abriter des camps de rééducation dans la province du Xinjiang. « Après une longue période de négation, elle a affirmé que les camps étaient des "centres de formation professionnelle" destinés à éloigner la population de l'extrémisme religieux et du séparatisme », rappelle Marc Julienne.

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>> Retrouver l'article en intégralité sur le site de Marianne.

 

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri
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