Que va faire Poutine ? « Il continuera à employer l’arsenal de la guerre indirecte en parallèle des négociations »
Le président russe a décidé lundi de reconnaître l’indépendance des deux entités séparatistes de l’est de l’Ukraine, les « républiques populaires » autoproclamées de Donetsk et Lougansk. Quel sera son prochain coup ? Entretien avec le chercheur Dimitri Minic.
Quel sentiment vous a laissé le discours de Vladimir Poutine ?
C’est très clairement une mise en scène, une séquence théâtralisée par le Kremlin. Mais les déclarations de Vladimir Poutine, assez crépusculaires, révèlent des constantes dans les croyances russes. Des croyances que l’on retrouve d’ailleurs aussi dans les discours des plus hautes élites militaires du pays. L’analyse que fait le chef de l’Etat est assez similaire à celles que l’on pouvait lire dans les documents du KGB [les services de renseignement soviétiques] : une hostilité prégnante envers l’Otan et les Etats-Unis.
On ne parle pas ici de menace réelle mais de perception de la menace. Et cette perception est cruciale pour comprendre les actions russes. Elle est marquée par deux croyances centrales : le monde extérieur est profondément hostile à la Russie et les Etats-Unis sont omniscients et omnipotents. Cela pousse Vladimir Poutine et les élites politico-militaires russes à considérer que tout événement perçu comme une menace à la Russie est le fruit d’une intention malveillante ou d’un complot, souvent occidental.
Vladimir Poutine a aussi donné une leçon d’histoire revisitée par le Kremlin, présentant l’Ukraine comme un pays artificiel et indissociable de la Russie. Cela démontre-t-il une volonté de ressusciter l’Union soviétique sous la coupe de la Russie ?
Cette crise ukrainienne révèle l’opposition de deux conceptions des relations internationales : d’un côté Moscou, qui raisonne en termes de sphère d’influence (chacun est libre de choisir ses alliances, à condition de ne pas menacer la sécurité de la Russie), et de l’autre, le principe occidental d’autodétermination. Là encore, on en revient à la perception de la menace, car l’Ukraine ne menace pas réellement la Russie. Dimitri Minic, Chercheur au Centre Russie/NEI
Dimanche, tous croyaient à l’apaisement. Lundi, Vladimir Poutine a balayé tous les espoirs. Qu’est-ce qui a bien pu changer en moins de vingt-quatre heures ?
Au fond, personne ne connaît l’agenda de Vladimir Poutine. Peut-être que Moscou pensait que Washington allait céder. Peut-être que la reconnaissance de l’indépendance de Donetsk et Lougansk était prévue de longue date et que Poutine cherchait simplement à la justifier par un refus de concessions de la part des Américains. Ou peut-être que la Russie a prévu de s’engager militairement en Ukraine dans une lutte armée interétatique. Cette dernière option me paraît malgré tout la moins probable à ce stade.
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