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Profil atypique et discours radical : Alice Weidel, la "Dame de fer" de l'extrême droite allemande

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cité par Grégoire Sauvage sur

  France 24
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Vivant en Suisse avec sa compagne d'origine sri-lankaise, la nouvelle leader de l'AfD en Allemagne, Alice Weidel, affiche un parcours cosmopolite qui détonne au sein de l'un des partis les plus violemment xénophobes d'Europe. Si ce profil atypique a longtemps servi à rassurer une partie de l'électorat, cette "Dame de fer" adopte désormais un discours de plus en plus radical.

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C'est une silhouette que les Allemands commencent à bien connaître : cheveux blonds tirés en arrière, immuable collier de perles et tailleur sobre, Alice Weidel affiche une allure stricte, voire autoritaire. Membre de l'AfD depuis la création du parti en 2013, sa carrière politique a pris une nouvelle dimension depuis son investiture le 11 janvier aux législatives de février à la suite de l’effondrement de la coalition gouvernementale.

Créditée de 20 % dans les sondages, la candidate d'extrême droite est au coude à coude avec le candidat de la CDU Friedrich Merz et loin devant le chancelier Olaf Scholz (SPD), qui stagne dans les intentions de vote à seulement 12 %.

Désormais, sa notoriété dépasse largement les frontières allemandes. À 45 ans, la cheffe de l'AfD a connu son heure de gloire grâce au soutien d’Elon Musk. Le propriétaire du réseau social X et proche du président-élu américain Donald Trump lui a déroulé le tapis rouge le 9 janvier lors d'une interview d'une heure au cours de laquelle elle a notamment qualifié Adolf Hitler de "communiste".

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"La caution morale" de l'AfD

Ce n'est pas l'intéressée elle-même qui répondra à ces questions. Dans un pays où la personnalisation de la vie politique est loin d'être aussi forte que dans l'Hexagone, Alice Weidel protège soigneusement sa vie privée. Sur le papier, l'équation semble insoluble. À moins que ce profil atypique ne soit envisagé comme le reflet des propres paradoxes de la formation d'extrême droite, explique Martin Baloge, docteur en science politique et Maître de Conférences au sein de l'Université Catholique de Lille.

"L'AfD a été fondé en 2013 par des économistes et des universitaires qui mettent d'abord au cœur des problématiques la question européenne et la politique budgétaire de l'UE. Dans un premier temps, il n'y a pas vraiment de paradoxe", rappelle l'enseignant-chercheur. "Le parti évolue ensuite à partir de 2015 en prenant un vrai tournant identitaire, xénophobe et centré sur les questions relatives à l'immigration et à l'islam. Une bonne partie des élites dirigeantes sont alors évincées du pouvoir, mais pas Alice Weidel".

Au lieu d'aller trouver refuge au sein de son habitat naturel, à savoir l'aile droite des conservateurs allemands, Alice Weidel s'adapte à l'évolution idéologique du parti pour continuer à gravir les échelons jusqu'à prendre la coprésidence du groupe au Bundestag en 2017.

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"Son libéralisme sociétal peut alors encore s'exprimer à travers son opposition à l'islam", explique Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'IFRI. "On le voit aussi au sein de la droite identitaire française et de collectifs féministes proches de l'extrême droite, qui considèrent que l'islam est le principal obstacle au fait de pouvoir exprimer un mode de vie occidental, comme par exemple le fait d'être homosexuel."

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"Alice für Deutschland"

Longtemps considérée comme une figure modérée, prenant régulièrement ses distances avec les personnalités les plus toxiques du parti, la quadragénaire a toutefois largement changé son fusil d'épaule. Lors de son discours du 11 janvier au congrès de Riesa, Alice Wiedel n'a pas hésité à évoquer la "remigration" de millions d’immigrés, un mot encore tabou dans sa bouche il y a un an.

Alice Weidel embrasse ainsi la ligne dure du parti incarnée par Bjorn Hocke, intellectuel sulfureux qui avait qualifié de "monument de la honte" le mémorial de la Shoah à Berlin. Chef de l'AfD en Thuringe, ce dernier a remporté en septembre une victoire inédite en sortant premier des urnes d'une élection régionale.

"En ce moment, plus l'AfD est radical, mieux ça fonctionne", décrypte Martin Baloge. "Elle s'est rendu compte qu'il n'y avait pas vraiment d'intérêt à aller vers un peu plus d'un conservatisme classique, mais plutôt d'aller vers un discours très radical."

  • "Weidel entretenait jusqu'à présent des relations assez tendues avec Hocke, mais on voit qu'elle essaye de faire la synthèse avec les plus radicaux du parti dans l'espoir d'une montée en puissance. Intégrer tout ce qui peut être intégré et faire le ménage ensuite", explique Paul Maurice.

Le slogan mis en avant par l'AfD illustre à merveille ce double mouvement contradictoire entre normalisation et radicalisation : "Alice für Deutschland" ("Alice pour l'Allemagne"). Une formule a priori aussi lisse qu'un slogan publicitaire, mais dont la sonorité cache à peine la référence au "Alles für Deutschland" ("Tout pour l'Allemagne"), qui était le cri de ralliement de la SA, l'organisation paramilitaire nazie des années 1930, décapitée par les SS lors de la nuit des Longs Couteaux.

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>> >> Cet article est disponible sur le site France 24.

 

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Alice Wiedel n'a toutefois aucune chance de devenir chancelière "en raison du cordon sanitaire très fort autour de l'AfD", rappelle Paul Maurice. "Aucun parti aujourd'hui ne tolère l'AfD, même pour une place de vice-président du Bundestag."

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Grégoire Sauvage

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