Présidentielle : Joe Biden envers et contre tout
À un an du scrutin, le candidat à sa réélection surfe sur le vote en faveur de l’IVG. Mais il perd une partie du soutien afro-américain.
De bons résultats à des élections locales malgré de mauvais sondages. À un an de l'élection présidentielle américaine, le camp démocrate croit pouvoir déjouer les pronostics qui donnent Donald Trump vainqueur devant Joe Biden si le scrutin avait lieu aujourd'hui. Et veut miser sur le droit à l'avortement (IVG) comme thème mobilisateur de campagne.
Donald Trump s'en prend à la procureure démocrate de New York à son procès pour fraude immobilière Comme chaque premier mardi de novembre, ainsi que le prévoit le système électoral, les Américains sont consultés. Et ce mardi 7 novembre, les électeurs de l'Ohio, entre autres, ont approuvé l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution de cet État du Midwest remporté deux fois par Donald Trump. En Virginie, sur la côte Est, les démocrates ont réussi l'exploit de conquérir la chambre des délégués en gardant le contrôle du Sénat. Un camouflet pour le gouverneur républicain Glenn Youngkin, qui avait fait campagne sur un projet restreignant le droit à l'IVG. Dans le Kentucky, État du Centre-Est où Donald Trump avait largement distancé Joe Biden lors de l'élection de 2020 et où le candidat républicain prônait l'interdiction totale de l'IVG, le gouverneur démocrate a été réélu. En Pennsylvanie, enfin, un candidat démocrate favorable à l'IVG a été élu à la Cour suprême locale. Un boulevard face au camp de Trump Avec la révocation en juin 2022 par la très conservatrice Cour suprême de l'arrêt Roe vs Wade, qui autorisait les Américaines depuis cinquante ans à avorter sur tout le territoire, il revient désormais aux 50 États d'interdire ou d'autoriser l'IVG. Depuis la décision de la Cour suprême, les différents scrutins ont montré que la question de l'avortement était une préoccupation majeure des Américains et qu'elle favorisait nettement le Parti démocrate.
Mardi, ses victoires étaient donc savourées comme si elles lui ouvraient grand la voie pour 2024. « Les équipes autour de Joe Biden se disent que ces résultats renforcent la candidature du président, mais ce n'est pas complètement vrai et c'est même très risqué de le penser », nuance Laurence Nardon, responsable du programme Amérique du Nord de l'Ifri [Institut français des relations internationales]. « Il n'y a pas nécessairement une corrélation entre les votes pour les élus locaux et celui pour le président, estime l'autrice du podcast "New Deal", coproduit par l'Ifri et Slate. De plus, les résultats de mardi illustrent le problème que pose Joe Biden au camp démocrate. Il devrait avoir un boulevard face au camp républicain nihiliste de Trump. » Mais ce n'est pas le cas. Deux mois avant les primaires, qui dureront du 15 janvier au 8 juin, et pendant lesquelles les partis choisiront leur candidat, Joe Biden reste très impopulaire. Premier problème, son âge. Le démocrate fêtera ses 81 ans dans huit jours. Il est déjà le plus vieux président de l'histoire des États-Unis. Certes, Donald Trump a 77 ans, mais le candidat républicain, bagarreur et offensif, paraît plus fringant que l'actuel président. Dimanche dernier, le New York Times, en collaboration avec le Siena College, a publié un sondage effectué dans les six États indécis qui font les élections (Nevada, Géorgie, Arizona, Michigan, Pennsylvanie et Wisconsin). Or, dans ces États clés, 71 % des personnes interrogées pensent que Joe Biden est trop vieux « pour être un président efficace » et 62 % qu'il n'a pas l'acuité mentale nécessaire pour être président encore quatre ans.
Quid de l'électorat afro-américain ? Autre problème, une baisse importante du soutien des électorats afro-américain, latino et jeune. Selon le sondage, 22 % des électeurs noirs ont affirmé qu'ils voteraient pour Donald Trump. Presque trois fois plus qu'en 2020 : ils n'étaient alors que 8 % au niveau national. Une évolution inquiétante pour l'équipe de campagne de Joe Biden. Les électeurs noirs ont en effet toujours contribué à la victoire du camp démocrate. « La communauté afro-américaine est assez conservatrice sur les sujets socié-taux, explique Laurence Nardon. Elle n'est pas forcément d'accord sur l'évolution très progressiste du camp démocrate, notamment sur les questions de genre, de trans-genre et d'homosexualité. » Comme l'ensemble de l'électorat,« les Afro-Américains sont très touchés par la hausse des prix alimentaires, de l'essence, du coût des prêts immobiliers », ajoute la chercheuse de l'Ifri. Même si, depuis le début de la présidence Biden, l'économie se porte mieux. Un nombre record d'emplois ont été créés (14 millions) et l'inflation a commencé à baisser.
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