Politique, économie, social… Allemagne, la grande panne
Notre voisin d'outre-Rhin n'est pas encore le nouvel “homme malade de l'Europe”, mais il cumule de sérieuses difficultés politiques, économiques et sociales.
La coalition dehors, des nouvelles élections en 2024, réclament les banderoles recouvrant le capot des milliers de tracteurs et de camions qui ont paralysé tout Berlin le 15 janvier. Cette journée est le point d’orgue de la colère des agriculteurs allemands contre la coalition “feu tricolore” au pouvoir depuis 2021. « Ils ne sèment pas, ils ne récoltent pas non plus ; mais ils savent tout mieux que tout le monde », disent les paysans à propos du fragile attelage exécutif formé par les socialistes du SPD, les libéraux-démocrates du petit FDP et des Verts – les rouges, les jaunes et les verts. Les campagnes sont en colère contre Berlin, et près de 70 % des Allemands le comprennent, indiquent les sondages. Mi-novembre, le ton est vite monté quand le gouvernement annonce, en particulier, la suppression en 2024 de la fiscalité avantageuse sur le gazole agricole. Une niche fiscale à seulement 920 millions d’euros, mais dont le pouvoir justifie l’extinction en expliquant que ce secteur est « ultrasubventionné ». L’argument achève de mettre le feu aux poudres.
Ce choc, confirme aujourd’hui le chercheur Éric-André Martin dans une note de l’Institut français des relations internationales (Ifri), a refermé « la parenthèse heureuse qu’a connue l’Allemagne depuis la fin de la guerre froide […], une période durant laquelle Berlin a péché par excès de confiance dans son modèle économique et s’est accroché à un faux sentiment de sécurité ».
- Pour survivre, souligne Éric-André Martin, l’équipe Scholz « a déjà avalé de nombreuses couleuvres », qui ont contribué à brouiller un peu plus son image.
Cet automne, les Verts ont révolté les ménages en bataillant pour que le gouvernement impose en 2024 le remplacement de toutes les chaudières à gaz par des modèles à énergie renouvelable. Scholz a finalement réduit le périmètre aux logements neufs. [...]
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- Où l’on suit avec inquiétude les évolutions de ce pays « trop grand pour l’Europe et trop petit pour le monde », selon la formule d’Henry Kissinger, qui détient « la clé de tous les débats importants », rappelle Éric-André Martin.
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- Lire la publication de Éric-André Martin « La fin d’une parenthèse heureuse. Comment la guerre d’Ukraine contraint l’Allemagne à repenser son modèle », Notes du Cerfa, n° 175, Ifri, septembre 2023.
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