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Philippines : un Président choquant et populaire

Interventions médiatiques |

tribune parue dans le quotidien 

  Ouest France 
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Après avoir traité le pape François puis le président Obama de drôles de noms d’oiseaux, le président philippin Rodigo Duterte a très sérieusement annoncé qu’il serait l’« Hitler » de son pays et qu’il le débarrasserait des narcotrafiquants « comme le Führer avait débarrassé son pays des juifs ». Les excuses prononcées ultérieurement, après une condamnation mondiale, n’ont pas réussi à compenser les dégâts auprès de la communauté internationale.

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Ce qui surprend le plus dans cette affaire est probablement le ton du Président et sa capacité à assumer des propos à forte charge provocante. Les experts s’interrogent sur les effets de ces coups de théâtre verbaux à la fois sur la perception du risque philippin (et ses conséquences économiques) mais aussi sur celle de la démocratie dans l’archipel. Cette absence de retenue délibérée inquiète par ce qu’elle renseigne de la personnalité du chef de l’exécutif philippin, de ses méthodes de communication et aussi de son irresponsable impulsivité. À moins précisément qu’il ne s’agisse – plus inquiétant – d’une tactique maîtrisée.

D’une part, le président Duterte ne fait pas la distinction entre scène locale et scène internationale. Il était à Davao, son fief traditionnel, quand il a osé cette comparaison sans bien mesurer l’écho que son discours prendrait. Et si l’écho était important, tant mieux : Duterte ne s’embarrasse pas des leçons droits-de-l’hommistes dispensées par l’Occident ; très remonté par ces rappels à l’ordre, il n’hésite pas à le choquer en lui rappelant que ce même Occident a produit ce genre de dérive.

 

Comment expliquer ces dérives ?

Son discours anti-Occident signifie également aux États-Unis et à l’Union européenne, qui se sont publiquement alarmés des abus perpétrés par les forces armées et paramilitaires, qu’ils n’ont pas à s’ingérer dans les affaires intérieures philippines et qu’ils feraient mieux, avant de donner des leçons, de « s’occuper à leurs frontières de la question des migrants dont les morts dépassent en nombre ceux de la lutte contre les réseaux de la drogue ».

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Sophie BOISSEAU du ROCHER

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Ancienne Chercheuse associée, Centre Asie de l'Ifri