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Percée de l’AfD en Allemagne : « Ce ne sont plus les Verts qui arrivent en tête chez les jeunes, mais l’extrême droite »

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Propos recueillis par Noé Megel dans

  Le Nouvel Obs
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Interview : Pour Paul Maurice, spécialiste de la politique intérieure allemande, le vote pour l’AfD ne cesse d’augmenter outre-Rhin, mais un front républicain rend improbable l’idée d’un chancelier d’extrême droite en 2025.

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AfD, ©DesignRage, Shutterstock.com
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Trois semaines après la première victoire de l’extrême droite dans un scrutin régional en Allemagne, en Thuringe, le chancelier Olaf Scholz peut souffler. Dimanche, les électeurs du Land de Brandebourg, bastion social-démocrate qui entoure Berlin, se sont déplacés pour reconstituer leur parlement. Soulagement doux-amer, le SPD remporte le scrutin devant l’AfD qui confirme son statut de deuxième force politique d’Allemagne, un an avant les élections fédérales qui auront lieu le 28 septembre 2025.

Texte citation
Pour Paul Maurice, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l’Ifri, la position outrancière du parti, dont le discours des cadres se rapproche parfois des néonazis, rend improbable toute coalition, à l’image des tractations, toujours en cours, entre la CDU et le parti de la controversée Sahra Wagenknecht en Thuringe.

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Paul MAURICE
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Êtes-vous surpris des résultats des diverses élections régionales de septembre et de la percée de l’AfD ?

Le premier constat, c’est que l’AfD est au-dessus de 30 % des voix dans tout le pays, qu’elle soit première en Thuringe ou deuxième en Saxe ou dans le Brandebourg. Ce n’est pas une surprise, car c’est à peu près le score réalisé par le parti dans ces länder lors des élections européennes. On parle beaucoup du vote d’extrême droite en ex-Allemagne de l’Est mais l’AfD arrive second quasiment partout à l’Ouest. Ça fait une dizaine d’années que le parti montre progressivement, et sûrement.

La surprise, c’est qu’on n’arrive pas à endiguer cette vague. Il y a eu de grandes manifestations contre l’extrême droite en Allemagne en janvier dernier, suite aux révélations du média d’investigation « Correctiv » d’une réunion secrète où des cadres du parti ont élaboré un plan de rémigration visant à expulser du pays des citoyens Allemands « non assimilés ». Elles ont eu pour conséquence de faire baisser les scores du parti au niveau fédéral de 20-23 % vers 16-17 %. Mais cela s’arrête là.

Pourtant l’extrême droite allemande n’est pas dédiabolisée comme en France…

C’est effectivement une extrême droite très dure dans ses prises de position. Plusieurs membres du parti ont eu des propos quasiment néonazis. Le candidat victorieux en Thuringe, Björn Höcke, a été condamné deux fois pour avoir utilisé le slogan « Alles für Deutschland » (« Tout pour l’Allemagne », NDLR) de la SA en 2021 et 2023. Il se défendait en prétendant qu’il ne savait pas mais c’est un ancien professeur d’histoire, d’autant que ces propos sont interdits outre-Rhin. Il avait aussi annoncé qu’il détruirait le mémorial pour la Shoah à Berlin.

Cette politique très provocatrice fait qu’aucune alliance ou coalition n’est possible. L’AfD à 30 %, c’est beaucoup mais on a vu aussi une sorte de vote barrage en Allemagne. Des électeurs d’autre parti démocratiques, du centre ou des écologistes se sont rabattus sur le SPD, le mieux placé pour empêcher l’extrême droite d’arriver en tête tout comme avec la CDU en Saxe il y a trois semaines.

D’une certaine manière, ces coalitions vont aussi alimenter le narratif de l’AfD face aux institutions. Peut-être qu’un jour le barrage va céder localement mais cela reste une ligne rouge infranchissable au niveau fédéral. Un Premier ministre d’extrême droite en Allemagne l’année prochaine (les prochaines élections fédérales ont lieu en septembre 2025, NDLR) est improbable.

Depuis le 16 septembre, des contrôles aléatoires sont mis en place aux frontières de l’Allemagne. Que peuvent les autres partis pour lutter face à la hausse de l’AfD ?

C’est une vraie question que se posent tous les partis démocratiques mais c’est difficile d’avoir une réponse proportionnée, c’est-à-dire qui ne donne pas l’impression de courir derrière l’électorat de l’AfD.

Le fait de mettre en place des mesures plus restrictives sur le plan migratoire pour des raisons électoralistes, je ne suis pas sûr que ça profite aux partis démocratiques car l’AfD pourra dire : « Nous avions raison. Les autres partis sont obligés d’appliquer notre programme. »

[...]

 

>> >> Lire l'article intégral sur le site "Le Nouvel Obs".

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Noé Megel

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