Métaux critiques : alerte sur le poids des voitures électriques
Les véhicules à batteries trop lourds font peser un risque de pénurie à moyen terme sur certaines matières premières, préviennent deux études. L'IFRI recommande à terme de dissuader l'achat d'un deuxième véhicule familial.
La voiture électrique pourrait aider à soulager la planète, à condition de ne pas être trop lourde. Publiées quasi simultanément, deux études aboutissent à la même alerte : il faut réduire la masse des voitures à batterie pour éviter dans les années à venir une pénurie de lithium, de nickel ou encore de cobalt. Ce message est notamment porté par WWF France, qui l'aborde sous un angle anti-SUV. Ces « 4X4 urbains » représentaient 41 % des ventes de voitures électriques l'an dernier, ce qui menace à moyen terme la soutenabilité de la transition écologique, estime l'ONG.
Pour être produit, « un gros SUV doté d'une batterie de 100 kWh, de type Tesla Model X, Audi Q8 e-tron ou futur Peugeot e-3008, consomme 3 fois plus de cuivre et d'aluminium et 5 fois plus de lithium, de cobalt, de manganèse et de graphite qu'une petite citadine d'une batterie de 20 kWh, de type Renault Twingo ZE », détaille le rapport.
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Dissuader l'achat d'un deuxième véhicule
Le modèle actuel n'est pas soutenable non plus du point de vue de la sécurité d'approvisionnement en matières premières , confirme l'Institut français des relations internationales (Ifri) dans un rapport publié mercredi sur le sujet. « On ne peut pas reproduire le modèle de la mobilité thermique et son boom des SUV dans la mobilité électrique, prévient Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre Energie & Climat de l'Ifri. Il faut au contraire mettre l'accent sur des véhicules plus petits, dotés de batterie aux technologies variées. »
Si la tendance actuelle se prolonge, « nous irons au-devant de très fortes tensions, car l'offre minière se développe beaucoup moins vite que la demande, ajoute le chercheur. De plus, la France et l'Europe s'exposeraient à trop de vulnérabilités sur la chaîne de valeur et les ponctions environnementales seraient trop fortes. »
L'Ifri avance plusieurs propositions, comme le développement du covoiturage ou l'utilisation de l'intelligence artificielle pour optimiser l'usage des transports collectifs et des voitures particulières. Plus radical, il soumet l'idée « d'un système d'incitations/pénalisations pour dissuader l'achat d'un deuxième véhicule familial » pour ceux qui n'en ont pas vraiment besoin.
Réduire les matières premières
Cela ne serait toutefois pas pour tout de suite, précise Marc-Antoine Eyl-Mazzega. « Il est encore trop tôt pour mettre en place ce type de mesures, ainsi que pour appliquer aux véhicules électriques le malus au poids, estime-t-il, au contraire du WWF. Les constructeurs n'y sont pas prêts. Mais les pouvoirs publics devraient très rapidement indiquer que ce malus arrivera à un horizon défini, et à l'échelle européenne. »
Les conséquences de telles incitations auraient un effet très puissant sur les besoins en approvisionnement en matières premières importées. L'Ifri a étudié un scénario « sobriété », où la taille du parc automobile diminuerait de 15 % et la taille moyenne des batteries resterait cantonnée à 40 kWh (la Renault ZOE est dotée d'une batterie de 50 kWh). La France réduirait ainsi de 38 % en moyenne la demande en lithium, manganèse, cobalt ou cuivre.
> Article à lire en intégralité sur Les Echos
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