De très vives tensions sont signalées à Nairobi, où des manifestants sont entrés dans le siège du Parlement et où Amnesty International dénonce des tirs de la police à balles réelles. La jeunesse apparaît en première ligne dans cette contestation. Sina Schlimmer, chercheuse au Centre Afrique subsaharienne de l'Institut français des relations internationales, décrypte la situation.

Pourquoi la jeunesse kényane se retrouve-t-elle en pointe dans le mouvement en cours ?

Depuis plusieurs jours, il y a une série de manifestations dans 22 comtés au Kenya à propos d'une loi de finances que le président actuel, William Ruto, a présenté pour préparer le budget de 2024-2025 et qui prévoit des hausses de taxes dans différents secteurs, dont des produits de base comme les couches pour bébés et les produits manufacturés. C'est donc à propos de cette hausse de taxes dans plusieurs domaines, qui concernent la quasi-totalité de la population du Kenya, que les jeunes se mobilisent, aujourd'hui pour la troisième fois.

Pour quelles raisons la jeunesse semble-t-elle avoir organisé ces contestations contre un projet de budget ?

La raison principale est que ces taxes concernent des produits de base, dont des produits alimentaires comme le pain, l'huile végétale et le sucre. Cela veut dire que les dépenses du quotidien vont augmenter pour toute la population kényane, y compris les jeunes. On soupçonne également que ces manifestations traduisent un mécontentement plus général à propos de différents domaines de la politique du président William Ruto. C'est donc aussi une base de révolte pour une population jeune qui subit encore les impacts économiques de la crise du Covid et qui subit un taux de chômage important, qu'on estime autour de 35% dans l'économie formelle.

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