Depuis des semaines, c'est toujours la même image, que ce soit à Rouen dans le nord de la France ou à Béziers dans le sud. Le public se presse à l'extérieur de ses salles de réunion, et lorsque l'homme longiligne s'avance vers le pupitre, les applaudissements fusent. « Zemmour Président ! » crient alors de nombreuses personnes. Eric Zemmour, qui rappelle un peu Charles Aznavour, a l'habitude de sourire de manière flatteuse, car il ne s'agit en fait que de son dernier livre « La France n'a pas dit son dernier mot ». Mais le journaliste le sait, son public le sait : quelqu'un s'échauffe vraiment pour l'élection présidentielle d'avril prochain.

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Les thèses de la droite étaient déjà rendues acceptables par Nicolas Sarkozy, qui a fait campagne sur les questions de loi et d'ordre, a poussé aux expulsions et a promis de « nettoyer les banlieues au karcher ». Et puis il y a les attentats terroristes islamistes, comme celui de la salle de concert du Bataclan à Paris, qui n'ont pas été oubliés à ce jour. Il y a seulement un an, le professeur d'histoire Samuel Paty a été décapité dans la rue après avoir montré des caricatures de Mahomet en classe. 60% des attentats depuis 2015 ont été perpétrés par des Français, pour la plupart issus de l'immigration.

• La vague d'immigration depuis 2015 est considérée comme un problème à la fois par les politiciens et par de larges pans de la population, explique Paul Maurice, politologue à l'Institut de recherche en relations internationales (Ifri). Même l'immigration des générations précédentes d'Afrique du Nord et des territoires d'outre-mer est considérée comme non résolue, dit-il. « La France est donc réceptive aux questions d’extrême-droite », explique Paul Maurice.

Le féminisme nuit à la virilité

Des médias conservateurs comme Le Figaro relatent également depuis des mois les foyers sociaux des banlieues, les guerres de la drogue dans les quartiers immigrés de Marseille ou les migrants consommateurs de crack qui menacent les habitants de Paris. Selon les sondages, la sécurité sera l'un des thèmes les plus importants de la campagne pour l'élection présidentielle. Sous Macron, la situation s'est encore aggravée.

• « Ces derniers temps, les fronts se sont cristallisés », dit Paul Maurice. « Il a cimenté la division entre les mondialistes et les pro-européens d'une part, et les nationalistes d'autre part, afin de se démarquer de Marine Le Pen ».

Dans ce contexte, des théories comme celle du « grand remplacement », défendue par Zemmour, trouvent un terrain fertile. C'est un récit conspirationniste selon lequel la population française serait remplacée par des Nord-Africains et des Arabes.

• « Il défend des idées identitaires, ethniques, Marine Le Pen est plus sur la nation souveraine et les questions sociales », explique le politologue Paul Maurice.

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>> Lire l'article original paru en allemand sur le site de FOCUS : « Make la France grande again » <<