Luttes d'influences sur le terrain africain
Comment l'Afrique est-elle (re)devenue un terrain géostratégique ? Les tournées diplomatiques de Sergueï Lavrov et d'Emmanuel Macron illustrent combien le continent reste un partenaire stratégique considérable, tant d'un point de vue économique que politique. Un épisode des Matins d'été avec Nicolas Herbaux, Seidik Abba (journaliste-écrivain, chroniqueur au Monde Afrique.), Alain Antil (Directeur du centre Afrique subsaharienne à l'IFRI, enseignant à l'Institut d'Etudes Politiques de Lille et à Paris I Sorbonne).
Surfant sur une vague pro-russe diffuse en Afrique, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov réaffirme le soutien économique, politique et militaire de la Russie sur le continent. Il a ainsi entamé une tournée diplomatique qui chevauche celle d’Emmanuel Macron. Comment l’Afrique est-elle redevenue un terrain géostratégique majeur pour les puissances mondiales ? Mais surtout, comment les pays africains ont-ils réussi à tirer profit de ces concurrences internationales ?
Des tournées diplomatiques en pleine guerre d'Ukraine
Sergueï Lavrov a entamé une tournée express en Afrique depuis le 23 juillet. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron rejoignait aussi le continent. Un bel exemple de la concurrence que se livrent les puissances occidentales et la Russie sur le terrain africain. Alain Antil considère qu'il y a
"un affrontement de deux narratifs sur cette crise alimentaire. D'un côté, les Occidentaux, en l'occurrence Emmanuel Macron, accusent la Russie de bloquer les ports ukrainiens et donc de participer à la famine, à la montée des prix des céréales et en particulier du blé. Et l'objet principal de la visite de Sergueï Lavrov, c'est d'offrir un contre narratif aux pays africains en leur disant qu'un certain nombre de sanctions occidentales sur les engrais et sur les céréales créent un surcoût des exportations russes. C'est le cœur de la visite des deux leaders politiques". Il faut noter par ailleurs que ces sanctions "ne sont pas des sanctions directes, mais ce sont des sanctions financières ou bancaires".
Une histoire d'influences
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La force sécuritaire et militaire russe en Afrique
Si divers acteurs étatiques interviennent en Afrique, la spécificité de la Russie repose dans son investissement pour une coopération sécuritaire et militaire. Pour Alain Antil,
"les autorités maliennes, sachant que la France avait annoncé la fin de Barkhane, ont décidé à la hâte, en septembre de l'année dernière, de contracter avec cette société privée Wagner. Pour la Russie, c'est doublement bénéfique parce que à la fois c'est une présence russe et on peut dire qu'on n'est pas au courant, ou en tout cas l’État russe n'est pas engagé. Mais de facto, la junte a changé d'alliance. Elle s'est privée de son principal allié dans la lutte antiterroriste et a dû se rapprocher d'une société militaire privée".
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