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L’Inde sur le pied de guerre après l’attentat revendiqué au Cachemire par des islamistes

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citée par Arnaud Vaulerin dans

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Le groupe Kashmir Resistance, émanation d’un réseau islamiste pakistanais, a revendiqué l’attaque armée de mardi 22 avril dans la vallée himalayenne, qui a fait au moins 26 morts civils. Delhi annonce une « réponse forte ».

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Le groupe Kashmir Resistance, émanation d’un réseau islamiste pakistanais, a revendiqué l’attaque armée de mardi 22 avril dans la vallée himalayenne, qui a fait au moins 26 morts civils. Delhi annonce une « réponse forte ».

Au lendemain d’un attentat qui a fait au moins 26 morts au Cachemire indien, New Delhi a lancé ce mercredi 23 avril une vaste chasse à l’homme. Le ministre de la Défense, Rajnath Singh, a placé les forces armées en état d’alerte, avant d’ordonner une intensification des opérations antiterroristes dans cette région disputée entre l’Inde et le Pakistan depuis des décennies.

« Les responsables et les auteurs d’un tel acte entendront très bientôt notre réponse, forte et claire, a déclaré Rajnath Singh lors d’un discours prononcé ce mercredi à New Delhi. Nous n’atteindrons pas seulement les personnes qui ont perpétré l’attentat, mais aussi celles qui l’ont planifié dans les coulisses de notre pays. »

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Le pire attentat depuis 2008

Un groupe militant peu connu, Kashmir Resistance, également répertorié sous le nom de The Resistance Front (TRF), a d’ailleurs revendiqué l’attentat. Sur les réseaux sociaux, il a exprimé son mécontentement face à l’installation de plus de 85 000 « étrangers » dans la région, provoquant un «changement démographique».

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« Le LeT était connu pour être très proche des services de renseignement pakistanais, rappelle Isabelle Saint-Mézard, chercheuse associée au Centre Asie de l’Ifri et directrice adjointe d’IFG Lab à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris-8. Il semblerait que les attentats de mardi aient répondu à un mode opératoire assez sophistiqué, ce qui est généralement la marque d’un groupe tel que le LeT. »

A en croire le site India Today, l’attentat a été planifié par Saifullah Kasuri, alias Khalid, un des principaux commandants du LeT et l’assistant du terroriste recherché Hafiz Saeed. Cinq à six terroristes seraient impliqués, y compris ceux qui ont récemment franchi la frontière et se sont infiltrés dans la vallée.

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« Cette attaque dément le discours officiel indien selon lequel le Cachemire connaîtrait une situation apaisée, de retour à la normalité, suite à la décision prise par le gouvernement Modi en août 2019 d’abroger l’article 370 de la Constitution garantissant une autonomie (toute relative) du Jammu-et-Cachemire, reprend l’analyste Isabelle Saint-Mézard. Encore le mois dernier, le ministre de l’Intérieur, Amit Shah, affirmait devant le Parlement que le terrorisme y était en recul et le tourisme en forte progression. »

Les victimes sont des hommes, pour la plupart touristes, venus dans cette vallée himalayenne, présentée comme une « mini-Suisse » dans les brochures touristiques indiennes. En raison des chaleurs accablantes qui sévissent dans le reste du pays, Pahalgam est très prisée des visiteurs. Située à environ 90 kilomètres de l’importante ville de Srinagar, elle témoigne de l’émergence du Cachemire comme nouveau haut lieu du tourisme, comme le souhaitait Modi. L’année dernière, 3,5 millions de personnes, en grande majorité indienne, ont visité cette région du nord.

« Le gouvernement Modi misait sur l’idée qu’il serait celui qui rétablirait le calme et impulserait le développement au Cachemire, là où nulle autre administration précédente n’avait réussi, note Isabelle Saint-Mézard. Plus encore, il entendait faire de ce territoire à majorité musulmane un territoire comme les autres dans le pays. »

 

« Confiance entamée »

Au-delà des questions de développement économique et touristique, l’attentat de mardi est un retour en arrière sur le plan sécuritaire et un sévère signal d’alerte pour le gouvernement Modi. « Il s’enorgueillissait d’avoir enfin réussi à convaincre l’appareil militaro-sécuritaire pakistanais qu’il était devenu trop risqué de protéger les groupes terroristes anti-indiens. De fait, le gouvernement Modi avait répondu par la force armée à deux attaques terroristes en 2016 et fin 2018. Cette belle confiance paraît désormais entamée », estime la chercheuse du Centre Asie de l’Ifri.

Isabelle Saint-Mézard souligne par ailleurs que l’Inde fait à nouveau face au «problème récurrent – et manifestement non résolu – des failles de son système de renseignement. Sur les derniers mois, le Jammu-et-Cachemire a connu des attentats terroristes qui ont sonné comme autant d’alertes d’une détérioration à venir de la situation. En juin, le groupe The Resistance Force a revendiqué une embuscade contre un bus transportant des pèlerins, avec neuf morts, et en octobre, le même groupe a perpétré une attaque sur un chantier de construction d’un tunnel, tuant sept civils.»

La gravité de ces précédents terroristes n’a visiblement pas été prise en compte. Que fera désormais Modi ? «Le Premier ministre qui n’a jamais abandonné ses habits d’homme fort et de protecteur de la nation est sous pression pour engager une action punitive contre le Pakistan», fait remarquer Isabelle Saint-Mézard. Le grand voisin avec lequel les relations sont quasi gelées.

 

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Arnaud Vaulerin

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Isabelle SAINT-MEZARD

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