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L'incertitude géopolitique replace la sécurité économique au coeur de l'action étatique

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cité par Virginie Robert dans

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Les Etats mènent une politique industrielle beaucoup plus agressive pour renouer avec la croissance, réduire leurs interdépendances et créer des instruments de puissance dans un monde économique de plus en plus fragmenté.Les Etats mènent une politique industrielle beaucoup plus agressive pour renouer avec la croissance, réduire leurs interdépendances et créer des instruments de puissance dans un monde économique de plus en plus fragmenté.

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ACC, Nersac – Angoulême
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L'explosion d'un nouveau conflit entre Israël et le Hamas vient ajouter aux déséquilibres et à la fragmentation du monde économique. Une incertitude géopolitique de plus, après celles provoquées par la pandémie de Covid et l'invasion de l'Ukraine qui a précipité une crise de l'énergie et la hausse de l'inflation. Pour les entreprises comme pour les marchés financiers, « on vole à l'aveugle », observe Yann Coatanlem, directeur général de DataCore Innovations, lors de la World Policy Conference qui s'est tenue à Abu Dhabi.

Ces déséquilibres étaient déjà sous-jacents avec « le retour de la confrontation des grandes puissances mais aussi la volonté des puissances moyennes de s'imposer davantage », note l'économiste Sébastien Jean, professeur au Cnam et associé principal à l'Ifri. Cela s'est traduit depuis quelques années par la contestation d'un ordre économique établi depuis Bretton Woods, avec la création de nouvelles institutions financières et un élargissement des BRICS . « Une double structure émerge, alors qu'on aurait besoin d'un choc de financement », notamment pour la transition énergétique, déplore Laurence Boone, secrétaire d'Etat chargée des Affaires européennes.

« La main visible de l'Etat »

Dans ce contexte, les Etats cherchent à accroître leur sécurité économique et à réduire leurs vulnérabilités. La déglobalisation mène à davantage d'interventions étatiques : « La main invisible du marché cède la place à la main visible de l'Etat », observe Lee Hye-Min, ancien sherpa du G20 pour la Corée.

Les Etats et une organisation interétatique comme l'Union européenne ont réagi en essayant de diminuer leurs interdépendances et en trouvant de nouveaux relais de croissance.

 « Pour améliorer la sécurité économique, il est nécessaire de réduire nos vulnérabilités et de contrôler des technologies fondatrices, comme pour le changement climatique », insiste Sébastien Jean. Il s'agit de ne pas être trop dépendants des autres tout en nous assurant que les autres ont besoin de nous.

 

« Avant on développait une politique industrielle pour s'approprier des rentes, comme dans le cas d'Airbus ou de Boeing. Aujourd'hui, il s'agit de contrôler en termes de pouvoir ou de puissance », insiste Sébastien Jean. D'où, par exemple, les investissements en Europe dans les batteries et voitures électriques.

L'isolement n'est pas une solution car elle crée des inefficacités. S'il faut davantage de politique industrielle qui donne le contrôle sur des technologies - à l'instar des Etats-Unis (Chip Act, IRA) et de l'Europe - il y a un risque de compliquer le système commercial avec des programmes qui recourent aux subventions. L'incapacité de l'Organisation mondiale du commerce à régler les litiges en sera d'autant plus un frein.

Effets collatéraux

La baisse d'intensité du commerce mondial et sa fragmentation, dans un environnement de plus en plus asymétrique, ont leurs effets collatéraux : cela implique de nouveaux coûts d'entrée, de nouvelles rigidités, une mauvaise coordination internationale et plus d'opacité.

En raison de la place centrale que prennent les tensions commerciales sino-américaines, « dérisquer les relations commerciales est une chose, découpler serait une catastrophe, prévient Marcus Noland, vice président exécutif du Peterson Institute for International Economics. 

Pour Sébastien Jean, qui vient de publier avec Thomas Gomart une note sur le découplage impossible, il existe une tentation forte « de faire des armes de nos interdépendances », comme dans le secteur financier, avec le recours à des lois extraterritoriales et l'interruption du réseau Swift, etc. 

 

Dans le contexte actuel, « nous avons besoin d'un nouvel ordre économique, assure l'économiste Pierre Jacquet, professeur à l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées. Un ordre n'est pas forcément quelque chose de stable, mais on a besoin d'outils et de prévisibilité ». Depuis la crise de 2008, la financiarisation de l'économie a accru les inégalités et fracturé l'idée que la mondialisation apporterait de la prospérité à tous.

Il est nécessaire aujourd'hui de s'attaquer à d'autres problématiques globales que celle du climat comme la santé et les droits des travailleurs. « Le désordre économique actuel est une opportunité pour redéfinir ce qu'est la croissance, la mesure du PIB étant très réductrice, mais aussi la façon de partager la prospérité », estime Pierre Jacquet.


Virginie Robert (A Abu Dhabi)

> Voir l'article sur le site des Échos

 

 

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Sébastien JEAN

Sébastien JEAN

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Directeur associé de l'Initiative géoéconomie et géofinance de l'Ifri

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