L'Europe démunie face à l'arme gazière russe
Les livraisons de gaz russe à l'Union européenne sont tombées au plus bas, contribuant à une explosion des prix sans précédent. Ultra-dépendante de Gazprom, l'Europe a peu de marges de manoeuvre pour desserrer l'étau.
Désormais, le doute n'est plus permis. La Russie utilise bien le gaz comme une arme vis-à-vis de l'Europe, alors que les tensions sont à leur comble entre les capitales occidentales et Moscou en raison de l'Ukraine. Gazprom, le géant gazier proche du Kremlin, détient le monopole des exportations de gaz russe par pipeline vers l'Union européenne. Il assure entre 35 % et 40 % de la consommation du Vieux Continent, une position dominante dont il joue à plein.
Les flux exportés de Russie par gazoduc sont au plus bas. A l'automne, ils sont tombés à 11 milliards de mètres cubes par mois, nettement moins que le niveau habituel de 13 milliards. La situation s'est encore aggravée depuis le début de l'année. « Si on continuait au rythme actuel jusqu'à la fin du mois, on obtiendrait 8 milliards de mètres cubes en moyenne en janvier, constate Thierry Bros, professeur à Sciences Po. On n'est jamais tombé aussi bas, et cela ne peut pas s'expliquer uniquement par une demande forte en Russie ou des problèmes sur certains pipelines. »
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« La Russie n'a pas cessé d'augmenter la pression ces derniers mois et l'Europe se retrouve étranglée », décrypte Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre énergie et climat de l'Ifri. Pour ce chercheur, « Moscou a voulu prendre sa revanche sur les sanctions économiques imposées depuis 2014, et sur la façon dont Bruxelles a libéralisé le marché gazier en cherchant à limiter les contrats de long terme avec la Russie ».
« Cette crise risque en tout cas de s'installer durablement », reprend Marc-Antoine Eyl-Mazzega, car l'Europe sortira de l'hiver avec des stocks gaziers au plus bas.
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