Les Ressources énergétiques : un levier de puissance
Le contrôle des ressources pétrolières a joué un rôle déterminant pendant la Seconde Guerre mondiale puis pendant la guerre froide. Aujourd'hui, l'inégale répartition des ressources pétrolières et gazières ainsi que la connaitrise des ressources liées à la transition énergétigue remettent l'énergie au centre des enjeux diplomatigues.
"Le pétrole est une matière première à fort contenu diplomatique et militaire, avec une valeur fiscale indéniable et accessoirement un pouvoircalorifique ». Cette citation d’André Giraud, ministre de l’Industrie pendant le second choc pétrolier en 1979, illustre parfaitement les enjeux diplomatiques liés à l’utilisation des ressources énergétiques. Cequi est vrai pour le pétrole l’est aussi pour le gaz et pour les ressources liées à la transition énergétique.
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Les enjeux diplomatiques liés à l'énergie au XXIe siècle
La géopolitique est toujours une dimen- sion majeure de la politique énergétique.
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II est clair que les enjeux géopolitiques du Moyen-Orient pèsent et pèseront sur l’équilibre énergétique mondial. Aucontraire, l’Europe, y compris la Norvège,ne représente que 1% des réserves pétrolières mondiales. II en est de même pour le gaz. Les deux tiers des réservesde gaz se situent dans un croissant compris entre le 50e et le 70e méridien, en particulier en Russie, en Iran, et au Qatar.Cette inégale répartition renforce les inquiétudes que l’on peut avoir face à l’ampleur des investissements à réaliser. Les pays producteurs investiront-ils assez et à temps ? Le conflit ukrainien nous rappelle l’actualité de ces préoccupations aux portes de l’Europe.
La révolution des hydrocarbures non conventionnels a complètement rebattu les cartes dans les années 2010. Les États-Unis sont devenus aujourd’hui le premier producteur mondial de pétrole et de produits pétroliers, et ils ont retrouvé leur indépendance énergétique totale, pour la première fois depuis 1952. L’émergence des hydrocarbures non conventionnels a un impact majeur sur la géopolitique au Moyen-Orient. Barack Obama a souligné dès 2010 que cette nouvelle autonomie énergétique du pays lui redonnait une latitude dans la diplomatie américaine. Ceci s’est traduit par un retrait partiel des États-Unis du Moyen-Orient et un retour en force de la Russie et de la Chine sur cette zone stratégique.
Si l’OPEP a perdu son pouvoir de marché après le contre-choc pétrolier de 1986, la création de l’alliance « OPEP+ » en 2016 marque un tournant majeur. L’OPEP+ regroupe les pays de l’OPEP et dix autres producteurs de pétrole dont la Russie. Les pays producteurs reprennent progressivement en main le marché pétrolier. Le 12 avril 2020, les pays producteurs décident de réduire leur production de 9,7 millions de barils par jour (Mbj) (environ 10 % de la consommationmondiale) en réaction à l’effondrement des prix du pétrole à la suite de la crise du COVID. Depuis, le consensus des pays de l'OPEP+ s’est maintenu.
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La Russie joue pleinement le jeu de l’OPEP+ pour contrôler le marché et maintenir des prix élevés. La position de l’Arabie saoudite sera déterminante. Mais celle-ci devra arbitrer entre son amitié de longue date avec les États-Unis et la montée en puissance de la Russie (et de la Chine) au Moyen-Orient, alors même que les États-Unis réduisent leur engagement dans la région. II est significatif que les démarches entreprises dès fin 2021 par l’administration américaine auprès des pays producteurs afin d’obtenir une augmentation de leur production n’aient eu aucun effet. L'OPEP+ semble donc avoir repris un certain contrôle du marché.
Pour faire face à cette tension, l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) a décidé de libérer des stocks stratégiques. L’impact est cependant limité. Cette situation tendue conduit les États-Unis à envisager une sortie de l’embargo vis-à-vis du Vénézuéla et de l’Iran. Cependant, on constate à ce jour peu de progrès.
Géopolitique de l'énergie : perspectives et nouveaux facteurs
Depuis 2018, une nouvelle dimension de la géopolitique de l’énergie émerge. Si la géopolitique continue toujours à jouer un rôle majeur pour les énergies fossiles, on a prit conscience que le déploiement des énergies renouvelables présente des défis géopolitiques d’un type nouveau. Ces énergies nécessitent en effet la mobilisation croissante de ressources importantes de métaux dits critiques.
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Tant en ce qui concerne les ressources que les technologies, la Chine dispose d’une position monopolistique qui ne peut qu’inquiéter.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie nous rappelle cruellement que les ressources énergétiques représentent toujours un levier de puissance entre les mains des pays qui en disposent. La sécurité d’approvisionnement est une dimension majeure de toute politique énergétique. C’est à l’évidence vrai pour les ressources pétrolières et gazières, mais aussi pour les ressources et les technologies indispensables dans le contexte de la transition énergétique. Les pays pauvres en ressources comme l’Europe sauront-ils en tirer les leçons ?
Article à lire en intégralité dans le dernier numéro de Diplomatie
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