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Les relations avec la Russie

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Redevenue centrale après l’annexion de la Crimée en 2014, la question des relations avec la Russie est restée relativement en marge du débat en France, sans pour autant en être absente. Le prochain président, quel qu’il soit, héritera de relations franco-russes passablement dégradées, marquées par des sanctions et des contre-sanctions liées à l’intervention russe en Ukraine, ainsi que de différends sur le dossier syrien étalés au Conseil de sécurité de l’ONU.

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Sur le dossier russe comme sur les autres enjeux de politique internationale, « Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont des points de vue divergents qui laissent présager des orientations politiques différentes », note Tatiana Kastouéva-Jean, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri), qui a comparé les programmes des différents candidats à la présidentielle.

Adoubée par Vladimir Poutine qui l’a reçue à quelques semaines du premier tour, Marine Le Pen entretient avec le chef du Kremlin une proximité idéologique ancienne sur des enjeux sociétaux et diplomatiques du moment : référence aux « racines chrétiennes » des Européens, refus de la globalisation et de la souveraineté partagée, hostilité face à l’Union européenne ou encore méfiance face à l’influence des États-Unis dans le monde.

« Marine Le Pen est un allié très précieux pour faire évoluer le monde dans le sens de la vision défendue par le Kremlin, poursuit Tatiana Kastouéva-Jean. La candidate du Front national considère par exemple que les affaires ukrainiennes relèvent de la sphère d’influence de la Russie au nom de leurs histoires en commun. Elle estime donc que l’Occident ne devrait pas intervenir dans ce dossier. »

Dans son programme, Marine Le Pen prévoit d’ailleurs de reconnaître l’annexion de la Crimée par la Russie contre l’avis de la commu­nauté internationale, à l’exception de six pays (Corée du Nord, Nicaragua, Cuba, Venezuela, Biélorussie, Syrie). Elle souhaite aussi lever les sanctions économiques qualifiées d’« injustes et inefficaces », décidées par l’Union européenne après l’intervention russe dans l’est de l’Ukraine.

Pris pour cible par les médias russes durant la campagne, Emmanuel Macron ne devrait pas modifier considérablement la politique actuelle de la France envers un pays pour lequel il n’éprouve pas d’affinité particulière, ni en positif ni en négatif. Son programme prévoit « d’initier un dialogue indépendant » et « constant » avec la Russie dans un cadre européen, ce qui existe déjà à travers le difficile processus de paix de Minsk engagé autour de l’Ukraine.

« Emmanuel Macron sera sans doute attentif aux relations économiques avec la Russie, conclut Tatiana Kastouéva-Jean. Quand il était ministre des finances, il avait prononcé à Moscou un discours, perçu comme modéré, appelant à la levée progressive des sanctions. Mais les attaques des hackers russes dont il aurait été victime ont peut-être fait évoluer sa vision des relations avec la Russie vers une position plus ferme. »

Olivier Tallès 

 

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Tatiana KASTOUÉVA-JEAN

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Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri

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