Les pétroliers changent et nous regardons ailleurs
TotalEnergies, BP, Shell, ces grands groupes pétroliers sont continuellement pointés du doigt pour leur inaction climatique par les activistes environnementaux. Ce manichéisme n'avance à rien, estime Cécile Maisonneuve. Les entreprises pétrolières prennent en réalité beaucoup de risques pour se diversifier et investir massivement dans les énergies renouvelables.
Le 12 juillet, deux compagnies pétrolières européennes majeures, TotalEnergies et BP, ont remporté l'un des plus gros appels d'offres européens, lancé par l'Allemagne, pour l'installation d'éoliennes offshore en mer du Nord et dans la Baltique. C'est une étape majeure pour l'atteinte par l'Allemagne de ses objectifs en matière d'énergies renouvelables alors que le pays se débat pour trouver un nouveau modèle énergétique.
Avec ce projet de sept gigawatts (GW), la première économie européenne va doubler son parc éolien en mer et se met en mesure d'atteindre son objectif de capacité éolienne en mer de 30 GW d'ici à 2030. Cette annonce n'a évidemment reçu aucun écho dans le débat public : deux majors pétrolières qui remportent un méga contrat renouvelable ne rentrent pas dans le récit manichéen sur la transition (les « méchants » pétroliers contre les « gentils » développeurs de projets renouvelables).
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Marier molécules et électrons
Premier constat : la stratégie des majors pétrolières européennes en réponse aux objectifs de neutralité carbone à 2050 consiste à marier molécules et électrons. Dit autrement, les Total, Shell ou BP seront de moins en moins des pétroliers et de plus en plus des électriciens et des gaziers. Ils prennent acte de l'électrification croissante des usages, notamment des transports, et du rôle fondamental de la transformation de la chaîne de valeur du gaz, par exemple pour décarboner les processus industriels.
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Prise de risque
Deuxième constat : ces pétroliers ne seront pas des électriciens comme les autres. Les conditions dans lesquelles BP et TotalEnergies ont gagné le méga appel d'offres allemand sont instructives. Les deux entreprises vont investir 12,6 milliards d'euros dans ce projet en prenant le risque de construire les installations sans garantie de l'Etat sur un prix de vente de leur production.
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Percées technologiques
Troisième leçon : cette stratégie est symptomatique du grand schisme à l'oeuvre au sein des majors pétrolières privées. A l'opposé de leurs homologues européennes, au nom de la sécurité énergétique,les majors américaines choisissent de se recentrer sur le pétrole et le gaz dans une stratégie plus court-termiste, comptant sur la capture et la séquestration du carbone pour réduire l'impact négatif de leur choix sur le climat.
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