Les arsenaux nucléaires sont en augmentation, la Chine en tête
Les arsenaux nucléaires de plusieurs pays, de la Chine en particulier, ont augmenté en 2022. "Nous approchons, ou peut-être avons-nous déjà atteint, la fin d’une longue période de déclin du nombre d’armes nucléaires à travers le monde", constatent les chercheurs de l’Institut international de recherche sur la paix à Stockholm (SIPRI, Stockholm International Peace Research Institute). Une augmentation qui s’inscrit dans un contexte de tensions géopolitiques accrues.
Il existe actuellement neuf puissances nucléaires dans le monde : la Grande-Bretagne, la Chine, la France, l’Inde, Israël, la Corée du Nord, le Pakistan, les États-Unis et la Russie. Le SIPRI constate que "les têtes nucléaires utilisables contenues dans les stocks militaires pour une utilisation potentielle" sont de 9576, soit 86 de plus qu’un an auparavant. Cependant, ces nombres restent encore loin des plus de 70.000 observés dans les années 1980.
[...]
Pékin veut être le maître du monde
La Chine est passée de 354 à 410 têtes nucléaires en un an.
À l’horizon 2030, elle pourrait atteindre mille têtes nucléaires, selon des estimations américaines. Comme l’explique Héloïse Fayet, chercheuse à l’Ifri (Institut français des relations internationales), "la Chine a clairement déclaré vouloir atteindre et même dépasser le nombre de têtes nucléaires possédées par les États-Unis".
Le plan de Pékin vise aussi à la modernisation "de leurs silos de lancement de missiles balistiques intercontinentaux, de leur composante océanique (les sous-marins) et de leur composante aérienne (les chasseurs), ainsi que des armes qui peuvent être embarquées à bord".
Après des décennies de domination américaine, la désormais première puissance économique mondiale estime que c’est son tour d’être le maître du monde.
La bascule vers l'Asie
"On le voit bien dans la guerre en Ukraine", explique Héloïse Fayet, "c’est la Chine qui tient le rôle de faiseur de roi puisque pour l’instant, elle ne soutient pas militairement la Russie, mais si elle se décidait à le faire ce serait un tournant fondamental dans cette guerre".
Les États-Unis ont fait leur bascule vers l’Asie il y a déjà quelques années, constatant que c’est la Chine l’adversaire systémique, alors que la Russie se voit réduite à un rôle de menace immédiate, voire plutôt conjoncturelle.
Pékin le sait très bien et fait tout pour s’y préparer, "d’où cette augmentation de têtes nucléaires pour rentrer dans une vraie relation de dissuasion avec Washington".
Fin de la stabilité
La période de désescalade nucléaire est bien finie. "Les accords après la fin de la Guerre froide n’ont été passés qu’entre les États-Unis et la Russie", rappelle la chercheuse Héloïse Fayet. En 1995, la prolongation indéfinie du Traité de non-prolifération nucléaire a été signée par les États-Unis, la Russie, la Chine, la Grande Bretagne et la France.
Mais les autres puissances nucléaires comme l’Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord ne sont pas signataires du Traité de non-prolifération nucléaire. "Ces pays ne sont engagés dans aucun effort de désarmement et c’est ce que l’on constate actuellement".
"Les fameuses dividendes de la paix sont bien finies et on est dans une période de transition vers une compétition stratégique, où le rôle des armes nucléaires sera de plus en plus important, non comme emploi mais en fond des conflits", conclut Héloïse Fayet.
[...]
> Lire l'intégralité de l'article sur le site de la RTBF
Média
Partager