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Après être restée 16 années à la tête de l'Allemagne, Angela Merkel devrait quitter le pouvoir dimanche prochain. Alors que l'histoire contemporaine de l'Europe est indéniablement liée à celle de la chancelière, retour sur le bilan politique et économique de la "femme la plus puissante du monde".

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Arrivée au pouvoir en novembre 2005, Angela Merkel devrait quitter la Bundeskanzleramt [siège de la chancellerie allemande] à l'issu des élections fédérales du 26 septembre prochain. Elue dans un contexte de récession économique forte, la dirigeante conservatrice laisse derrière elle une Allemagne plus forte et dynamique, au statut d'incontournable première puissance industrielle d'Europe. Mais comment expliquer ce "succès Merkel" alors que cette dernière cultive le secret et la discrétion ? 

  • Mme Merkel a fait du management de crise pendant ces 16 années de pouvoir. Elle laisse un pays dans un excellent état économique et financier. [Le PIB allemand est ] 33 fois plus important que le PIB français. L'Allemagne détient un excédent commercial qui s'élève à 220 milliards d'euros en 2021, alors que la France affiche un déficit de 69 milliards. Il s'agit donc de très bons résultats. Patricia Commun

Dès 2006, la cheffe de l'exécutif allemand a mis en œuvre des politiques de restructuration budgétaire et de renforcement de la compétitivité des industries du pays. La croissance repart, le chômage baisse, les excédents commerciaux et budgétaires s'envolent et Merkel voit sa position politique se renforcer au fur et à mesure des élections (en 2009, 2013 et 2017). Le chômage est ainsi passé de plus de 11% en 2005 à 3,2% en 2019. 

Dès le début, malgré son statut de cheffe de fil de la CDU, principal mouvement politique conservateur du pays, la chancelière a fait preuve d'une qualité de gestion, d'un pragmatisme et d'une capacité d'adaptation à la situation politique, économique ou géopolitique du moment. Ces compétences lui ont ainsi permis de traverser sans frémir les trois crises qui ont touché simultanément l'Union européenne en l'espace d'une décennies : la crise financière de 2008, la crise migratoire de 2015 et la crise sanitaire de 2020.  

Que se soit la décision de sortir l'Allemagne du nucléaire en 2011, d'accueillir plus d'un million de réfugiés syriens ou de créer un salaire minimum en 2015, Merkel n'a cessé d'étonner, d'innover, de se réinventer et semble avoir pris soin de toujours placer les intérêts de son pays au dessus de toute de considération idéologique. Que se soit en Allemagne ou au sein de l'UE, Angela Merkel a toujours su imposer ses vues et ses objectifs, à l'image de la règle d'or budgétaire.  

  • Angela Merkel est bien sûr une grande pragmatique et une grande tacticienne. Elle a su se recentrer, se mettre au centre du jeu politique allemand quand cela était nécessaire. Cependant, malgré [son attachement à la continuité], Angela Merkel est aussi capable d'opérer des tournants structurants pour les décennies à venir, à l'image de l'abandon précoce du programme nucléaire allemand. Ce n'est donc simplement une pragmatique qui a une vision de court terme des intérêts économiques de son pays, elle est aussi capable de faire prendre à son peuple de grands tournants historiques. Nicolas Leuron 

Cependant, bien que l'Allemagne se définit au travers d'une stabilité économique et politique impressionnante par rapport aux autres pays occidentaux, le départ de la première femme chancelière de son histoire lui fait prendre conscience des défis qui se présentent à son modèle.
 

Je pense que la question qui se pose actuellement est liée à la capacité de l'Allemagne à préparer l'avenir, étant donné qu'elle est confrontée à [de nombreux défis]. Il y a d'une part la capacité de gérer un vieillissement accéléré de la population mais aussi de surmonter les lourdeurs structurelles de son économie, alors qu'elle est amenée à entrer dans une mutation énergétique et numérique sans précédent. En plus de ces défis internes, l'Allemagne est aussi, quelque part, garante de l'équilibre financier en Europe. Cela fait donc beaucoup de choses. Des nuages s'amoncellent, ce qui va rendre absolument nécessaire la mise en place d'arbitrages. C'est précisément tout cela qui rend cette élection [du 26 septembre] passionnante. Éric-André Martin

La montée en puissance de l'AFD [Alternative für Deutschland, parti d'extrème droite] suite à l'accueil des migrants, la forte proportion de travailleurs précaires dans le pays, le sous-investissement chronique dont souffre une partie importante des infrastructures du pays ou encore les enjeux climatiques à l'image des inondations de juillet dernier qui ont ravagé le pays, appellent à prendre conscience des réussites et des limites du "modèle Merkel" et des problématiques auxquelles devra faire face sa ou son successeur(euse). 

 

Intervenants
  • Président du think tank EuroCité et du site de critiques Nonfiction, chercheur associé au Centre d'études européennes de Sciences Po
  • Secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri, spécialiste de la politique européenne et des relations internationales de l’Union européenne
  • professeure de Civilisation Allemande à l’Université de Cergy-Pontoise, membre du laboratoire AGORA et directrice du master Langues et Commerce international

 

> Ecouter le Podcast sur le site de France Culture

 

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Éric-André MARTIN

Éric-André MARTIN

Intitulé du poste

Ancien secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri