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Le prince héritier saoudien en mission séduction aux États-Unis

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citée par Anaïs Brosseau pour

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Mohammed ben Salmane est arrivé lundi 19 mars en visite officielle aux États-Unis. L’occasion d’attirer des investisseurs pour son plan de réformes économiques mais aussi de s’assurer du soutien américain pour la guerre que l’Arabie saoudite mène au Yémen.

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Dix mois après avoir reçu Donald Trump à Riyad, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est arrivé lundi 19 mars aux États-Unis. Il doit rencontrer le président américain mardi 20 mars. Nommé prince héritier en juin 2017, Mohammed ben Salmane, 32 ans, est venu défendre son projet « Vision 2030 » pour moderniser l’Arabie saoudite et diversifier l’économie saoudienne.

Ce programme vise notamment à bâtir une économie moins dépendante au pétrole en développant d’autres énergies. Riyad compte par exemple s’appuyer sur le secteur nucléaire en construisant 16 réacteurs dans les vingt prochaines années. Le prince héritier est donc en campagne pour attirer des investisseurs étrangers et espère bien obtenir des transferts de technologie. Mohammed ben Salmane devrait faire jouer la concurrence, en rappelant aux Américains l’intérêt porté au projet par la Chine, la France ou encore la Russie.

« Une question de prestige »

« Cette visite est aussi une question de prestige pour Mohammed ben Salmane, il va renforcer sa position en interne alors que ses réformes font grincer des dents », estime Laurence Nardon, responsable du programme Amérique du Nord à l’Ifri (Institut français des relations internationales). Depuis plusieurs mois, le prince héritier a en effet introduit plusieurs changements dans le royaume : autorisation de conduire pour les femmes à partir de juin 2018, purges anti-corruption, lancement de la guerre au Yémen… Des « réformes purement symboliques qui ne donnent pas accès à la démocratie, à la citoyenneté », précise Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS et membre du laboratoire Citeres de l’université de Tours.

Selon ce chercheur, Mohammed ben Salmane met l’accent « sur la scène internationale pour ne pas perdre pied sur la scène intérieure, où la situation économique est dans une impasse ». Les habitants subissent une hausse du coût de la vie, avec une augmentation sensible des prix de l’essence, de l’électricité et de l’eau.

« Sa vision 2030 est une vision à l’emporte-pièce, une tentative de sortir par le haut de l’ensemble des problèmes économiques, politiques et diplomatiques », insiste Marc Lavergne, qui ne croit pas que ce programme – qui prévoit la création de bibliothèques, de musées, de salles de spectacles et de lieux de divertissement – puisse attirer des investisseurs américains.

Un ennemi commun : l’Iran

En mai 2017, Donald Trump avait réservé sa première visite présidentielle à l’étranger au royaume saoudien, qui avait chaleureusement salué son élection. Le président américain avait alors appelé à « isoler » l’Iran chiite pour contrer son influence grandissante dans la région. Un contre-pied total à la politique menée par son prédécesseur Barack Obama.

Les deux pays avaient également annoncé la signature de contrats pour 360 milliards de dollars (292 milliards d’euros), dont 110 milliards pour des ventes d’armements américains à l’Arabie saoudite pour contrer « les menaces iraniennes » et combattre les islamistes radicaux.

L’Arabie saoudite et les États-Unis s’accordent aujourd’hui sur un ennemi commun : l’Iran. « Où que l’on aille au Moyen-Orient, c’est l’Iran, l’Iran, l’Iran. Chaque problème n’a qu’un nom, l’Iran », déclarait mi-mars le président américain.

Pour Laurence Nardon, Mohammed ben Salmane va chercher à obtenir une confirmation « du soutien américain pour la guerre au Yémen ». Depuis mars 2015, le royaume mène une coalition pour soutenir les forces gouvernementales yéménites face aux rebelles houtistes, appuyés quant à eux par l’Iran.

Les États-Unis soutiennent cette coalition. « L’exécutif veut redonner un milliard de dollars de financements à la coalition saoudienne avec des capacités de renseignement, de formation, de réapprovisionnement en vol », explique Laurence Nardon. Un soutien qui ne fait pas l’unanimité. Au sein du Congrès, plusieurs voix s’élèvent – notamment celle du sénateur républicain John McCain – contre l’aide américaine apportée à l’Arabie saoudite dans cette guerre qui s’apparente à la « pire crise humanitaire du monde » selon l’ONU. Depuis trois ans, le conflit a provoqué la mort de plus de 10 000 personnes et mis le pays au bord de la famine.

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Laurence NARDON

Laurence NARDON

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Responsable du Programme Amériques de l'Ifri

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