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Le passage du Nord-Est, option lointaine, mais vitale pour la Russie

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cité par Fabrice Nodé-Langlois dans

  Le Figaro
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Cette alternative au canal de Suez fait l’objet d’une attention croissante face à une banquise arctique de plus en plus réduite par le réchauffement climatique. Alors que le porte-conteneurs Ever Given entravait le canal de Suez, grippant le commerce mondial, Rosatom, le géant russe du nucléaire, s’est fendu, le 25 mars, d’un tweet ironique.

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La compagnie publique invitait le monde à «considérer la route maritime du Nord comme une alternative viable au canal de Suez». Rosatom est concerné au premier chef, puisque le constructeur et opérateur de centrales nucléaires gère aussi la flotte russe de brise-glaces atomiques.

Rallier l’Europe depuis la Chine ou le Japon, en longeant la côte septentrionale de la Russie, représente un gain de temps de dix à quinze jours par rapport à la route de Suez. Et donc des économies se chiffrant en millions d’euros par voyage pour les armateurs et leurs clients. Le passage du Nord-Est offre donc une alternative alléchante. Il est l’objet d’une attention croissante à mesure que le réchauffement climatique fait fondre la banquise arctique. À la fin de l’été 2020, l’étendue de mer gelée n’avait pas été aussi rétrécie depuis quarante ans.

[...]

Projets d’exploitation de pétrole et de charbon

  • «La route du Nord-Est, davantage qu’une voie de passage internationale sera surtout une route d’exportation stratégique pour la Russie», estime pour sa part Florian Vidal de l’Ifri (Institut français des relations internationales).
  • «L’exploitation des ressources naturelles justifie le développement de la navigation dans l’Arctique russe, mais l’un sans l’autre n’existe pas», ajoute-t-il.

Novatek et Total exploitent du gaz dans la péninsule de Yamal, et les navires à coque renforcée comme le méthanier Christophe de Margerie, capables de fendre plus d’un mètre de banquise, ont réussi à voguer vers l’Europe sans assistance de brise-glace en janvier. Plus à l’est et encore plus au nord, des projets d’exploitation de pétrole et de charbon avancent dans la péninsule du Taïmyr, avec un objectif de démarrer l’exportation d’ici cinq ans, par la voie maritime.

  • «L’Arctique, qui fournit déjà 20 % du PIB de la Russie, est critique tant pour les exportations du pays que pour les enjeux géopolitiques», résume Florian Vidal. Vladimir Poutine, pas plus tard que la semaine dernière, a ordonné à ses troupes de «poursuivre les expéditions arctiques complexes pour étudier et développer le Grand Nord dans le but d’assurer la sécurité militaire de la Russie».

Au-delà de 2050, une nouvelle route, passant directement par le pôle Nord, pourrait se libérer. Dans les eaux internationales, les flottes commerciales pourront s’affranchir du droit de passage russe. La Chine, qui voit loin, affirme l’expert de l’Ifri, se prépare déjà à cette nouvelle perspective.

 

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Florian VIDAL

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Ancien chercheur associé, Centre Russie/Eurasie de l'Ifri