Le moteur franco-allemand au point mort
Les difficultés politiques que traversent Emmanuel Macron et Olaf Scholz chacun dans son pays rendent encore plus fragile la relation entre la France et l’Allemagne.
Le malaise était perceptible même dans ce rendez-vous censé nourrir la relation franco-allemande, à deux pas de la porte de Brandebourg. Lors d’une conférence sur l’avenir de l’Europe réunissant politiques et experts venus des deux rives du Rhin, jeudi 28 et vendredi 29 novembre à Berlin, l’état du tandem était de toutes les conversations, à défaut d’être franchement évoqué dans les interventions publiques. « C’est bien de vous voir ensemble », a plaisanté un spectateur, avant d’adresser une question aux conseillers Europe du président Emmanuel Macron et du chancelier Olaf Scholz, assis côte à côte, qui intervenaient dans une session sur l’élargissement de l’Union européenne.
La victoire de Donald Trump aux Etats-Unis et l’intensification des combats en Ukraine ont certes suscité les mêmes réactions à Paris et à Berlin : l’Europe doit s’unir et se renforcer. Mais pour quoi faire ? En France et en Allemagne, la situation politique intérieure paralyse la prise de décision commune et la capacité à se projeter ensemble.
« La dynamique a été arrêtée avec la dissolution de l’Assemblée nationale », résume un diplomate allemand, pour qui « la France et l’Allemagne ont la responsabilité, dans un moment de rupture, de relancer le projet européen ». Après la dissolution décidée par Emmanuel Macron le 9 juin, puis l’éclatement de la coalition au pouvoir à Berlin, le 6 novembre, le leadership des deux pays sur la scène européenne est considérablement affaibli.
Raréfaction des échanges
Depuis plusieurs semaines, il est question d’un déplacement de Michel Barnier à Berlin, sans cesse reporté. Des rendez-vous entre ministres des deux pays ont été également déprogrammés, tout comme le conseil des ministres franco-allemand qui était prévu en janvier 2025, à quelques semaines des législatives anticipées du 23 février en Allemagne.
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« Côté allemand, on se demande s’il y aura encore un gouvernement français en place en début d’année, et côté français, on n’a pas envie de le faire avec un gouvernement finissant », observe Paul Maurice, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes, au sein de l’Institut français des relations internationales.
Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
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« Le “franco-allemand” n’a jamais été un lit de roses, résume François Delattre, ambassadeur de France à Berlin. Il repose fondamentalement sur la recherche de positions communes, à partir de points de départ différents, au service d’une ambition européenne partagée. Chacun voit bien que le sursaut européen dont le rapport Draghi souligne la nécessité passe par un sursaut franco-allemand. » A ce stade, Paris et Berlin partagent l’inquiétude de l’ex-président de la Banque centrale européenne sur le déficit de compétitivité de l’Europe face aux Etats-Unis et à la Chine. Mais divergent sur le recours à un nouvel emprunt européen qui financerait les efforts de défense ou le soutien à l’Ukraine.
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