le "Green Deal", une mobilisation sans précédent en Europe
Face au déréglement climatique, l'Union Européenne (UE) adoptait en décembre 2019 son "Green Deal". Ce "Pacte vert" prévoit une réduction juridiquement contraignante d'au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2030 et l'atteinte de la neutralité carbone au niveau de l'UE d'ici 2050.
Au-delà de ces objectifs, l'UE vise à mettre en place une transition énergétique qui favorise la croissance tout en s'assurant qu'aucun groupe social ou territoire ne soit laissé pour compte.
Le Green Deal a donné un mandat fort à la Comission européenne pour proposer une refonte des politiques européennes en matière d'énergie et de climat, notamment via le paquet législatif "d'ajustement à l'objectif d'au moins 55% de réduction des émissions de GES" (Fit for 55) et celui concernant la décarbonation du gaz.
Des premiers accords ambitieux ont été trouvés en fin 2022 par les institutions européennes sur une partie de ces textes législatifs, notamment ceux concernant le renforcement du marché carbone. L'enjeu en 2023 sera de finaliser ce cadre européen énergie-climat pour se donner les moyens d'atteindre les objectifs 2030. La guerre en Ukraine a renforcé le consensus autour de la nécessité d'accélérer la transition énergétique, à travers l'accélération du déploiment des énergies renouvelables, le renforcement des mesures d'efficacité énergétique, la réalisation des économies d'énergie et l'electrification des usages.
Des investissements massifs seront necessaires. L'UE a notamment garanti un financement important pour l'agenda énergétique et climatique : 37% des montants du mécanisme de relance et de résilience (RRF) adopté après la pandémie de Covid-19, soit 250 milliards d'euros, et 30% de son budget global doivent être canalisés vers l'action climatique sur la période 2021-2027. Il est donc impératif que les gouvernements utilisent cet argent pour implémenter l'agenda du Green Deal.
La mise en oeuvre apparaît désormais comme le facteur clé de succès principal. En 2023, l'UE a l'intention d'ajouter un pilier industriel au Green Deal, qui visera la sécurisation des chaînes de valeur critiques et la diversification de l'approvisionnement en matières premières critiques, un cadre législatif plus souple et un soutien renforcé pour les technologies bas carbone afin de préserver la compétitivité des industries européennes. La réforme du marché de l'électricité sera aussi un sujet phare en 2023.
Trois ans après son lancement, la question de savoir si le Green Deal peut atteindre ses objectifs reste difficile à trancher. Si les réponses politiques apportées jusqu'à présent ne sont pas parfaites, le chemin parcouru à Bruxelles au cours des trois dernières années, et surtout en 2022, reste sans précédent.
Pour la première fois, chacun en Europe est appelé à participer activement à l'effort de résilience énergétique. Il y a donc une opportunité unique de traduire cela en une nouvelle mobilisation pour la transition énergétique. Dans ce contexte, les États membres doivent cesser de rechercher des gains à court terme qui les mettent sur la voix de l'échec à long terme.
> article à découvrir dans le Mag du Printemps de l'économie (p43)
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