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Le coronavirus, menace sur le « contrat social » chinois

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cité par Antoine d'Abbundo, dans

  La Croix
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En Chine, la légitimité du régime autoritaire est en grande partie assise sur sa capacité à assurer la prospérité de la population. Une promesse que l’épidémie en cours pourrait, à terme, menacer.

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Villes sous blocus, dizaines de millions de personnes assignées à résidence, usines et commerces fermées, bourses qui dévissent et banque centrale chinoise prête à injecter 1 200 milliards de yuans – 156 milliards d’euros – pour rétablir la confiance… L’impact économique de la crise provoquée par l’épidémie de coronavirus ira-t-il jusqu’à fragiliser le régime chinois ? Le risque semble pris très au sérieux par Pékin.

Un contrat social tacite

  • « C’est qu’en Chine, la stabilité politique repose sur un contrat social tacite qui veut que le parti communiste assure la sécurité et la prospérité de la population. En échange de quoi, celle-ci ne se mêle pas des affaires publiques, sauf peut-être au niveau local », explique Marc Julienne, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), responsable des activités Chine.

Jusqu’à présent, cet équilibre semble solidement établi. « Après quarante ans de croissance continue, la Chine s’est imposée comme la deuxième puissance économique mondiale et a connu des progrès spectaculaires en matière d’éducation, de santé, de qualité de vie, souligne Mary-Françoise Renard, enseignante-chercheuse à l’Université Clermont-Auvergne - Cerdi. Au vu de ces résultats, la plupart des gens considèrent que le régime a rempli son contrat. »

Limiter les dégâts économiques

Mais pour que ce consensus demeure, le gouvernement devra, cette fois encore, limiter les dégâts économiques provoqués par le coronavirus. Dégâts qui peuvent s’avérer, à terme, tout aussi désastreux que le bilan des victimes.

Lors de la crise du Sras (2002-2003), « l’impact avait été relativement modéré, coûtant environ un point de croissance au pays. Mais à l’époque, la Chine était encore l’usine du monde et son économie était en pleine expansion, soutenue par une demande extérieure très forte », rappelle Cynthia Kalasopatan, économiste à l’institut Rexecode.

Avec la crise financière de 2008, le risque se fait plus pesant et plus pressant. Après quatre années d’une croissance à deux chiffres, la progression du PIB tombe à 8 % et même jusqu’à 6,8 % à la fin de l’année. À l’époque, Pékin réagit fermement en lançant un plan de relance de 426 milliards d’euro, très ciblé sur les infrastructures. Là encore, le pire sera évité.

La consommation commence à montrer des signes de raté

Mais douze ans plus tard, la situation a complètement changé. « La croissance annuelle est passée de 10 % à 6 % et le modèle de développement est désormais plus axé sur les services et la demande domestique que sur les exportations, poursuit Cynthia Kalasopata. Or, dans un contexte où la consommation commence à montrer des signes de raté, l’épidémie pourrait encore accentuer le ralentissement chinois ».

D’autant que cette crise intervient au moment des festivités du nouvel an chinois qui sont une période d’intense activité commerciale. 

  • « Même si la crise était rapidement maîtrisée, les résultats du premier trimestre seront fortement impactés. En particulier dans des secteurs comme les transports et le tourisme », souligne Marc Julienne.

La crise de la fièvre porcine

Au risque de nourrir le mécontentement d’une population déjà très affectée par la crise de la fièvre porcine. 

  • « On a tendance à le sous-estimer, mais cet épisode a provoqué une perte de 140 milliards de dollars pour la filière et détruit près de 40 % du cheptel chinois. Ce qui a provoqué un doublement des prix de cet aliment très commun pour les Chinois. D’où d’importantes tensions dans la société », ajoute-t-il.

La marge de manœuvre du régime paraît réduite. « Il est probable qu’il lance un nouveau plan de relance, mais il lui faudra, cette fois, actionner le levier de la consommation, ce qui suppose une gestion plus fine de l’économie », précise Cynthia Kalasopatan. Un échec ne serait sans doute pas fatal, mais entamerait d’évidence la crédibilité du régime.

Lire l'article sur le site de La Croix.

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri
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