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L’Asie, destination stratégique américaine

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citée par Laurence Defranoux pour

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En plein durcissement des relations avec la Chine, Joe Biden envoie ses ministres consolider les relations avec ses alliés dans l’Indo-Pacifique.

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Jamais la planète n’aura été aussi polarisée par la rivalité stratégique Chine-Etats-Unis. Quelques jours après que le président chinois Xi Jinping a désigné Washington comme «la plus grande menace pour le développement et la sécurité de la Chine», et a insisté sur la nécessité de développer une «dissuasion stratégique de haut niveau», le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, accompagné du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a choisi, pour sa première visite à l’étranger, de partir en tournée chez ses partenaires stratégiques en Asie, au Japon, en Corée du Sud et en Inde. Objectif annoncé : «Nous assurer que nous avons les capacités, les plans et les concepts opérationnels pour pouvoir opposer une dissuasion crédible à la Chine.»

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Lloyd Austin et Antony Blinken devraient ensuite se rendre à Séoul, dont les relations dégradées avec Tokyo affaiblissent le dispositif américain d’alliances dans la région.

«Les questions mémorielles liées à la guerre et à la colonisation japonaise en Corée, comme les “femmes de réconfort”, empoisonnent les relations entre les deux pays, décrypte Céline Pajon, spécialiste de la géostratégie en Asie-Pacifique à l’Institut français desrelations internationales (Ifri). Par ailleurs, la mise en place d’un embargo sur certains éléments chimiques japonais vers la Corée du Sud en 2019 a beaucoup gêné l’industrie coréenne des semi-conducteurs.» L’équipe Biden a envoyé des signaux indiquant qu’elle était prête à jouer les médiateurs. «Même si les questions historiques ne seront pas résolues cette semaine, il est important pour Washington de les faire passer au second plan pour pouvoir avancer sur les problématiques géostratégiques communes», reprend la chercheuse. Ce qui devrait rassurer les pays voisins, comme Singapour, qui comptent sur la puissance américaine pour garantir la stabilité en Asie du Sud-Est tout en maintenant de bonnes relations commerciales avec la Chine.

Les responsables américains devraient ensuite rendre visite à un autre géant asiatique, l’Inde, pièce maîtresse du Quad. Cette alliance créée en 2007 entre le Japon, l’Australie, les Etats-Unis et l’Inde, avait été mise en sommeil après les protestations de Pékin qui dénonçait un front antichinois. Mais face aux ambitions hégémoniques de Xi Jinping, il a repris du service en 2017 sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe. Les quatre chefs d’Etat se sont rencontrés par vidéo vendredi.

«C’est un signal politique très fort, réagit Céline Pajon. Jusqu’à l’an dernier, l’Inde était sur une position assez prudente. Elle voulait bien favoriser le partenariat dans la région, en particulier sur la sécurité maritime, mais se refusait à participer à ce qui pouvait apparaître comme une alliance antichinoise. A la suite des frictions avec la Chine sur ses frontières dans l’Himalaya, elle a fait évoluer sa position. Sur le plan du discours, elle est toujours dans le non-alignement. Mais en pratique, Narendra Modi se met très en avant sur le sujet, et l’Inde a autorisé l’an dernier l’Australie à participer à ses exercices navals Malabar, aux côtés des Etats-Unis et du Japon.»

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Le Quad, dévolu initialement aux questions maritimes, est en pleine évolution. Il s’est ouvert sur les questions de santé avec le Covid-19, annonçant notamment une production commune de 1 milliard de doses de vaccins d’ici fin 2022, et mène des réflexions sur l’intelligence artificielle, la dépendance à la Chine des chaînes de production ou la mise en place de normes pour la 5G et la 6G. Il a également invité à ses discussions la Corée du Sud, le Vietnam, la Nouvelle-Zélande, et même le Brésil et Israël.

«L’administration Biden a pour objectif de faire revenir les Etats-Unis dans le jeu multilatéral et de réparer les liens avec ses partenaires dans la région pour faire contrepoids à la Chine. Le Quad est une sorte de noyau dur constitué par les grandes démocraties asiatiques, autour duquel pourrait s’organiser une coopération à géométrie variable dans l’Indo-Pacifique», précise Céline Pajon.

Lire l'article dans son intégralité sur le site de Libération.

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Céline PAJON

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Chercheuse, responsable de la recherche Japon et Indo-Pacifique, Centre Asie de l'Ifri

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