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L'appétit chinois pour les ports européens suscite des inquiétudes croissantes

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citée par Emmanuel Grasland dans

  Les Echos
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Les entreprises chinoises sont présentes dans 14 grands ports européens. Dans une Allemagne tributaire de ses exportations, les ports illustrent la difficulté de concilier intérêt économique et protection des infrastructures critiques.

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Comment trouver la bonne distance avec la Chine ? Alors que le président Xi Jinping est en Europe à l'occasion d'une visite en France, puis en Serbie et en Hongrie, cette question hante les pays européens. Mises en concurrence par Pékin, les nations du Vieux Continent cherchent toutes à concilier partenariats économiques et protection des infrastructures critiques.

Le secteur portuaire illustre la difficulté de l'exercice. Aujourd'hui, des opérateurs chinois possèdent des participations minoritaires ou majoritaires dans 14 ports européens, dont les trois plus grands du continent (Rotterdam, Anvers et Hambourg), indique une étude du Comité d'études des relations franco-allemande (Cerfa) parue fin avril.

Quatre ports français

En France, des entreprises chinoises sont présentes dans les terminaux de Fos-sur-Mer, Le Havre, Nantes Saint-Nazaire et Dunkerque. Jusqu'ici, ces investissements en Europe n'avaient pas suscité de débat, à l'exception de la reprise en 2016 du port du Pirée, en Grèce.

Les choses ont changé avec la guerre en Ukraine. L'arrivée de l'armateur chinois Cosco au capital d'un des quatre terminaux du port de Hambourg a posé question outre-Rhin. Les services secrets allemands, six ministères et la Commission européenne ont rendu un avis défavorable sur le sujet. Le chancelier Olaf Scholz a finalement tranché en faveur du projet, mais la participation est passée de 35 à 24,9 % .

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Cheval de Troie

La question est ensuite de savoir si un pays peut se permettre ce type de partenariat sur un plan sécuritaire. Un port est une fenêtre sur le monde et un outil de prospérité. L'Allemagne réalise plus de 50 % de son PIB avec ses exportations, et environ 60 % de celles-ci sont expédiées par voie maritime.

Mais cela peut aussi devenir un cheval de Troie. « Les ports sont de plus en plus des infrastructures numériques, ce qui crée des risques d'espionnage et de sabotage », explique Marie Krpata, chargée de mission au Cerfa et auteure de l'étude.

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Une stratégie portuaire

Soucieux de protéger des infrastructures critiques pour l'économie du pays, Berlin a présenté en janvier une « stratégie portuaire allemande » afin d'augmenter la résilience et la sécurité de ses ports.

Mais c'est désormais à l'échelle européenne qu'il faudrait agir. Les ports du Vieux Continent agissent sur la base d'une concurrence intra-européenne. En face, une entreprise publique comme Cosco « porte le message du Parti communiste et défend les intérêts stratégiques de la Chine », souligne Marie Krapta dans son étude.

Grâce à l'aide de l'Etat, l'entreprise peut réduire ses marges tout en jouant sur les divisions de ses interlocuteurs. Si Hambourg avait refusé Cosco, le groupe chinois serait allé à Gdansk, en Pologne.

 

> Lire la publication de Marie Krpata : Les ports allemands face à la Chine. Comment concilier ouverture, résilience et sécurité ?, Études de l’Ifri, avril 2024.

 

> Cet article est paru sur le site des Echos (réservé aux abonnés).

 

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Marie KRPATA

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