La Suède en position délicate pour son adhésion à l’Otan après la destruction d’un Coran
La Suède en position délicate pour son adhésion à l’Otan après la destruction d’un Coran. La Turquie est en position de force, mais pas de quoi faire échec et mat. Sur l’échiquier d’une adhésion de la Suède à l’Otan, cette dernière a fait un mauvais coup.
Mercredi, premier jour de l’Aïd al-Adha, Salwan Momika, un Irakien de 37 ans ayant fui son pays pour la Suède, a piétiné le Coran à plusieurs reprises avant d’y glisser des tranches de bacon et d’en brûler quelques pages devant la plus grande mosquée de la capitale.
L’acte qualifié d'« inacceptable » par Ankara a déclenché l’ire du monde musulman, donnant à Recep Tayyip Erdogan un moyen de pression dans la partie qui se joue plus largement. Alors que la Turquie bloque depuis des mois l’adhésion de la Suède, elle a désormais un pion à avancer. « Les deux protagonistes jouent chacun leur tour leurs cartes de pression, et hier, la Turquie a repris l’avantage », explique à 20 Minutes, Adel Bakawan, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri) et spécialiste du Moyen Orient.
Instrumentalisation de la Turquie
Ankara réclame depuis des mois à la Suède de lui renvoyer des cadres dirigeants du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) classé comme terroriste par la Turquie. Stockholm a toujours imposé son refus catégorique. Mais ce refus devient de plus en plus en difficile à tenir alors que la Suède a besoin du vote de la Turquie pour pouvoir suivre son voisin finlandais dans l’Alliance atlantique. « Ceux qui commettent ce crime ainsi que ceux qui le permettent sous couvert de liberté d’opinion, ceux qui tolèrent cet acte ignoble ne pourront pas réaliser leurs ambitions », a d’ailleurs menacé le président turc fraîchement réélu, à une semaine de la rencontre des plus hauts diplomates de Turquie et de Suède à Bruxelles pour discuter de la candidature de Stockholm.
« La Turquie instrumentalise à la perfection cet incident en se mettant en scène comme la représentante de la conscience musulmane à travers le monde », analyse encore Adel Bakawan. Ankara menace ainsi de mobiliser le monde arabo-musulman et de ne jamais voter pour l’adhésion de la Suède si elle ne se plie pas à sa requête. Se soumettre à cette demande « coûterait très cher à la Suède », prévient le spécialiste.
Mais la manche n’est pas encore finie. Stockholm pourra sans doute compter sur son allié américain pour tenter de négocier et modérer les requêtes du président turc. Par ailleurs, si aujourd’hui le contexte est en faveur d’Ankara, « désormais les grands événements ne durent pas plus d’une ou deux semaines, la Suède doit être patiente et résister, la Turquie devrait revenir à sa rationalité dans peu de temps », prédit encore Adel Bakawan. Partie à suivre.
> Retrouvez l'article original sur le site de 20 Minutes.
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