La Chine est-elle la seule gagnante de l'accord de libre-échange asiatique ?
Profitant du retrait américain de la scène internationale en cette période post-électorale, la Chine a annoncé la signature d'un partenariat entre 15 pays d'Asie et s'est posée en garante du multilatéralisme.
Signé la semaine dernière entre 15 pays asiatiques (Chine, Japon, Corée du sud, Nouvelle-Zélande...), le RCEP (pour Regional Comprehensive Economic Partnership) est l’objet de tous les superlatifs : ce serait le plus grand traité de libre-échange au monde, un accord historique… la Chine n’aurait jamais été aussi puissante.
Certes, dans les chiffres, ce partenariat crée la plus grande zone de libre-échange de la planète puisque les 15 pays signataires représentent à eux seuls un tiers de la population mondiale, et 30% du PIB mondial.
La Chine s’en arroge la victoire, même si en réalité ce n’est pas elle qui en est à l’initiative et qu’elle n’est pas la seule à en tirer parti...
Ce projet de partenariat date de 2012 et a été créé à l'initiative de l'Asean, et plus précisément de l'Indonésie. L'idée, c'était d'apporter une réponse au Partenariat transpacifique qui, lui, était poussé à l'époque par les Etats-Unis, et était perçu en Asie comme risquant de marginaliser l'Asean. Ce projet alternatif recentre le jeu sur l'Asie. Les pays qui n'avaient pas encore entre eux des accords de libre-échange sont ceux qui en profiteront le plus. Le Japon, qui était absent d'un grand nombre d'accords bilatéraux, va ouvrir son marché à de nouveaux partenaires. La Chine ne sera assurément pas la seule à tirer parti, selon Françoise Nicolas.
- Françoise Nicolas, directrice du Centre Asie de l'Institut français des relations internationales (Ifri) et chercheur associée à l'université Paris-Est Marne-la-Vallée
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