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Kazakhstan : chaos, manifestations réprimées... 5 minutes pour comprendre une situation explosive

Interventions médiatiques |

cité par Paolo Philippe dans

  le Parisien 
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Les manifestations dans ce pays d’Asie centrale ont fait plusieurs « dizaines » de morts depuis mercredi selon la police. La Russie et ses alliés ont envoyé des troupes pour rétablir l’ordre.

Contenu intervention médiatique

Le Kazakhstan vit des jours difficiles. L’ex-République soviétique d’Asie centrale est en proie à d’importantes contestations depuis quelques jours. Les manifestations, qui ont commencé dimanche en raison de l’augmentation des prix du gaz, ont rapidement pris une tournure politique. Des dizaines de manifestants et dix-huit policiers sont morts, selon la police, et plusieurs centaines de personnes ont été blessées. 2 000 personnes ont été arrêtées.

Le président Kassym-Jomart Tokaïev, qui a dénoncé l’action de « groupes terroristes », a limogé son gouvernement, décrété l’état d’urgence et fait marche arrière sur l’augmentation des prix du gaz. Il a également fait appel à son allié russe, qui a annoncé l’envoi de troupes de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).

Que se passe-t-il au Kazakhstan ?

Magasins pillés, statues de l’ancien président déboulonnées, bâtiments administratifs envahis, véhicules de polices incendiés… Le chaos s’est emparé du Kazakhstan et de sa capitale économique, Almaty. Selon les derniers bilans communiqués ce jeudi par la police, des « dizaines » de manifestants et dix-huit policiers sont morts au cours d’émeutes – ainsi que plusieurs centaines de blessés – dont l’origine se trouve dans l’augmentation des prix du gaz.

La contestation, qui a débuté dimanche à Janaozen, dans l’ouest de cette ex-République soviétique indépendante depuis 1991, s’est étendue à d’autres régions et à sa capitale, au sud-est du pays.

« Il y a eu un souffle extrêmement violent et inattendu, analyse Michaël Levystone, chercheur sur l’Asie centrale à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Le Kazakhstan n’est pas un pays où l’on s’en prend à l’autorité. »

Alors que la police a évoqué des « forces extrémistes » et « éliminé des dizaines d’assaillants », selon ses termes, le président Tokaïev, 68 ans, s’est exprimé mercredi soir en langue russe sur la télévision d’Etat. Il y a dénoncé l’action de « groupes terroristes » ayant « reçu un entraînement approfondi à l’étranger ». Le chef de l’Etat a par ailleurs limogé son gouvernement et décrété l’état d’urgence dans ce pays de 18 millions d’habitants, où Internet et les communications ont été bloquées (plusieurs aéroports sont aussi à l’arrêt).

Quelles sont les revendications des manifestants ?

La contestation a évolué. Le soulèvement populaire déclenché par le doublement du prix du gaz naturel liquéfié (GNL) a débuté dimanche. Il s’est ensuite étendu à d’autres régions et a pris une tournure politique. « À l’évidence, ce mouvement est devenu très politique, commente Michaël Levystone. Il est très ciblé contre Nazarbaïev et son clan. »

Directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), Jean de Gliniasty évoque une contestation face à un « régime sclérosé » et l’omniprésence du très influent Noursoultan Nazarbaïev (81 ans), dont le départ officiel du pouvoir en 2019 après près trente ans de règne n’est qu’une illusion. 

Lors des rassemblements, les manifestants réclament du changement et protestent presque exclusivement contre Nazarbaïev, considéré comme le père de la nation. « Son départ était en trompe-l’œil, analyse Michaël Levystone. Nazarbaïev s’est maintenu à la tête du Conseil de sécurité nationale (CSN) et Tokaïev n’est qu’un super-Premier ministre. »

Kassym-Jomart Tokaïev, qui a durci la riposte face aux manifestants, a paradoxalement donné beaucoup de gages à ces derniers en quelques jours. En plus d’avoir reculé sur le prix du gaz, il a annoncé mercredi qu’il présiderait désormais lui-même le Conseil de sécurité nationale, ce qui est une manière de tourner la page Nazarbaïev, et a limogé de nombreux proches de l’ancien président à des postes stratégiques.

Pourquoi la Russie envoie-t-elle des troupes ?

L’envoi de forces militaires par l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), composée de plusieurs pays et dirigée par la Russie, répond à un double enjeu : maintenir la paix dans le pays et servir les intérêts de Moscou, dont le Kazakhstan est un partenaire particulier. « Le Kazakhstan est le joyau de la Russie, un point stratégique avec ses 20 % de Russes et sa base militaire de Baïkonour. La déstabilisation de ce pouvoir est inacceptable (pour Moscou) », avance Jean de Gliniasty.

Le renfort de l’OTSC est, pour Michaël Levystone, un vrai « appel au secours », alors que la France a invité jeudi « toutes les parties », y compris les forces extérieures, à la « modération ». « Tokaïev est tétanisé, il abat ses dernières cartes et cet appel montre qu’il veut se cramponner au pouvoir. » Et si la Russie envoie un message interne avec ce déploiement de troupes – « Poutine montre qu’il ne laisse pas le chaos s’installer à ses frontières » –, le Kremlin veut avant tout éviter que « le pays implose et que tout s’effondre », juge Michaël Levystone, pour qui la suite est pleine d’incertitudes tant « la crise est extrêmement évolutive ». Et de conclure : « Les morts (dans les manifestations) peuvent contribuer à déplacer la colère vers le président Tokaïev. »

> Lire l'article entier sur le site du Parisien<

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Michaël LEVYSTONE

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Ancien chercheur associé, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri