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Japon: la révolution de l'ouverture du marché de détail

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Le 1er avril, 77 millions de ménages japonais et 7,5 millions de petites  entreprises auront, pour la première fois, le choix de leur fournisseur d’électricité. C’est la fin de plus d’un demi-siècle pendant lequel le marché était détenu par dix grands opérateurs régionaux.

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Le mouvement avait été initié au début des années 2000, avec l’ouverture du marché des gros consommateurs, mais la libéralisation du marché de détail n’était pas pour autant envisagée. « C’est Fukushima qui a relancé le mouvement, rappelle Carole Mathieu, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri). L’accident en mars 2011 et la mise à l’arrêt de toutes les centrales nucléaires qui a suivi, ont mis en évidence le besoin du Japon d’aller vers plus de cohérence nationale. » Le réseau japonais présente déjà la particularité peu commode d’être scindé en deux : à l’ouest, les deux tiers de l’archipel utilisent une fréquence de 60 hertz tandis qu’à l’est, la fréquence est de 50 hertz. « De plus, le Japon a besoin d’un réseau plus résilient pour pouvoir transformer son mix électrique et notamment accueillir les énergies renouvelables», ajoute Carole Mathieu. Celles-ci produisaient 12 % du mix en 2014 mais l’objectif est d’atteindre 22 à 24% en 2030. Et comme en Allemagne, la plus grande partie de la production a lieu au nord du pays tandis que les grands centres de consommation se situent dans le sud. Un pas vers la cohérence a été fait en avril 2015, lorsque le gouvernement a réuni les dix grands électriciens au sein d’un organisme baptisé OCCTO, qui assure la coordination des plans d’investissement  dans le réseau et l’équilibre de celui-ci. Le Japon va donc quitter l’entre-deux dans lequel il était resté depuis une dizaine d’années. Pour le plus grand bénéfice des consommateurs ? Sans doute, au moins au début. Les prix de l’électricité ont fortement augmenté après Fukushima : + 38 % pour l’industrie, + 25 % pour les ménages, et ce, malgré la baisse du prix des hydrocarbures qui représentent aujourd’hui 87 % du mix électrique japonais. Les opérateurs historiques et les nouveaux entrants se livrent, depuis plusieurs mois déjà, une guerre des prix et multiplient les offres diversifiées, familiales, « vertes », « fidélité » ou encore couplées avec des opérateurs de téléphonie mobile. Selon le Nomura Research Institute, 16 % des ménages sont prêts à changer de fournisseur si les tarifs baissent de 10 %. Le marché qui s’ouvre, représente pas moins de 8 100 milliards de yens, soit 63,5 milliards d’euros. Rien d’étonnant à ce que les nouveaux entrants se soient précipités : plus de 250 entreprises sont sur les rangs. Sans compter que, si l’on en croit le ministère de l’Économie, la demande devrait augmenter de 22 % d’ici 2030. Prochaine étape : la séparation des activités de production, de transport et de distribution, prévue pour 2020.

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Carole MATHIEU

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Ancienne Responsable des politiques européennes au Centre Énergie et Climat de l'Ifri

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