Interruption des cyberopérations américaines contre la Russie : un revirement qui inquiète des deux côtés de l’Atlantique
Avec la suspension des offensives du « Cyber Command » dirigées contre Moscou, révélé par la presse américaine, l’administration Trump pousse un cran plus loin sa volonté de ne plus considérer le Kremlin comme son principal adversaire dans la sphère numérique.

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Alignements à l’ONU
Avant même le vote du 24 février au Conseil de sécurité des Nations unies, qui a vu Washington s’aligner sur Moscou dans le refus de faire référence à l’invasion russe, la réunion à New York d’un groupe de travail onusien consacré à la cybersécurité avait marqué le changement de pied des Etats-Unis en matière cyber, souligne auprès de Libération Julien Nocetti, chercheur associé à l’Institut français de relations internationales et au centre Geode (géopolitique de la datasphère) : les représentants américains ont «mis l’accent sur les acteurs iraniens et chinois» en épargnant peu ou prou la Russie. D’évidence, la nouvelle administration américaine a réévalué (très) à la baisse une menace cyber et informationnelle russe considérée, a contrario, comme une priorité par la plupart des pays européens.
«C’est une rupture profonde», diagnostique, inquiet, un ancien commandant français de la cyberdéfense, qui y voit «le début de très fortes tensions dans le domaine du numérique».
En matière de cybersécurité et de cyberdéfense comme en bien d’autres, la collaboration entre les Etats-Unis et leurs alliés historiques était jusqu’ici très forte. Et au-delà du devenir de ces échanges, se pose aussi la question de l’attitude des acteurs privés, relève Julien Nocetti.
Ces dernières années, les entreprises de cybersécurité comme les géants du numérique, tels Microsoft ou Google, ont multiplié les rapports publics sur les opérations et groupes offensifs russes ou russophones : «Vont-ils s’aligner sur Washington, ou vont-ils chercher à s’autonomiser pour éviter d’être pris en étau et de perdre des parts de marché ?»
Pour les pays européens, très dépendants des infrastructures numériques et des logiciels américains, la question est d’importance. Elle l’est plus encore pour l’Ukraine, tant la place prise par les grands acteurs technologiques outre-Atlantique est importante, et les renseignements transmis par les Etats-Unis en matière de cyberdéfense sont cruciaux. Sur ce terrain aussi, les questions de souveraineté et d’«autonomie stratégique» prennent décidément, de semaine en semaine, une douloureuse acuité.
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